L'univers des voyages a été quelque peu bouleversé par le touriste «zappeur», qui part plus souvent, mais moins longtemps, réserve à la dernière minute, va à la chasse aux bonnes affaires sur le Net et fait le tour du monde en 80 clics avant toute décision.

L'univers des voyages a été quelque peu bouleversé par le touriste «zappeur», qui part plus souvent, mais moins longtemps, réserve à la dernière minute, va à la chasse aux bonnes affaires sur le Net et fait le tour du monde en 80 clics avant toute décision.

Fini les vacances d'antan, avec des départs rituels de plusieurs semaines en juillet ou en août: «Les Français ont tendance à fractionner toujours plus leurs vacances, ils partent en moyenne cinq ou six fois par an», explique Christian Mantei, directeur général d'Odit France, organisme rattaché au ministère du Tourisme.

En outre, «le consommateur est aussi zappeur en termes de choix de destination. Depuis environ quatre ou cinq ans, on constate qu'il est moins fidèle à une destination et prêt à changer dès qu'elle ne lui convient plus», ajoute-t-il.

La multiplication des courts séjours s'est accélérée en France avec le passage aux 35 heures: «Les réductions du temps de travail (RTT) ont joué un rôle mais il y a des limites car le portefeuille n'est pas extensible, on a plus de temps, mais pas forcément plus de moyens», relève M. Mantei.

Selon une étude du Crédoc (Centre de recherche pour l'étude et l'observation des conditions de vie) sur l'impact des 35 heures sur le tourisme, seulement 16% des salariés concernés ont consacré davantage de temps aux voyages. En revanche, la loi Aubry de 2000 semble avoir favorisé des départs improvisés au dernier moment, surtout chez les cadres, et le recours à l'internet.

Un casse-tête pour les tour-opérateurs traditionnels qui, eux, doivent se procurer des places d'avion avec anticipation et calculer au plus près leurs budgets, alors que le cyber-touriste est une aubaine pour les voyagistes en ligne, dont le chiffre d'affaires est en hausse d'environ 30% cet été.

Désormais, les internautes peuvent se concocter leur propre voyage sur mesure: vol, hôtel, réservation d'un billet pour un spectacle ... et cela à tout moment, sans devoir respecter les horaires d'ouverture d'une agence de voyage.

Les agences, comme le réseau Selectour, tentent de s'adapter en proposant des formules de court séjour.

«Il est vrai que les gens font de plus en plus de sauts de puce, à Vienne ou Prague par exemple, mais le plus souvent sans passer par une agence», regrette Jean-Pierre Lorente, directeur général de Selectour-Bleu Voyages.

Cet été, près de sept Français sur dix ont eu recours à Internet pour préparer leur voyage, selon une étude du cabinet Protourisme, et 33% ont décidé de leur destination à moins d'un mois du départ.

«La logique de dernière minute n'est pas seulement une question de budget mais la météo joue aussi un rôle important», commente Robert Rochefort, directeur du Crédoc. «On n'a pas envie d'aller en Bretagne quand il pleut des cordes», ajoute-t-il.

Selon une étude BVA, plus de la moitié des vacanciers se déclarent influencés par la météo lors du choix de leur destination et le mauvais temps est susceptible de faire écourter les vacances à près de deux Français sur cinq.

Quant aux 35 heures, elles ont profité aussi aux activités de loisirs. Si théoriquement, les salariés ont plus de temps pour les voyages, ils restent très souvent chez eux pour bricoler, faire du jardinage, s'occuper de leurs familles.

En plus, selon M. Rochefort, les RTT ont «coulé quelque peu le tourisme d'affaires car avant il y avait beaucoup plus d'activités touristiques en semaine, comme des séminaires d'entreprise».

Si le passage aux 35 heures a facilité les départs, il n'a pas été, selon lui, à l'origine du changement des comportements: »C'est plutôt le désir de multiplier les expériences. Et à peine rentré, on a en tête la perspective de repartir...»