Les sociétés de jeu et paris sportifs sur Internet, pour la plupart installés dans des paradis fiscaux mais cotés à Londres, ont connu des hauts et des bas cette semaine après l'arrestation aux États-Unis, inquiétante pour le secteur, des dirigeants de l'une d'elles.

Les sociétés de jeu et paris sportifs sur Internet, pour la plupart installés dans des paradis fiscaux mais cotés à Londres, ont connu des hauts et des bas cette semaine après l'arrestation aux États-Unis, inquiétante pour le secteur, des dirigeants de l'une d'elles.

Onze personnes, dont le PDG britannique de la société BetOnSports, ont ainsi été inculpées aux États-Unis pour avoir enfreint la loi: elles sont accusées d'avoir accepté illégalement de prendre des paris sur Internet et de ne pas avoir acquitté d'impôts sur quelque 3,3 milliards de dollars de mises placées aux États-Unis.

Cinq des personnes inculpées ont été arrêtées, dont le PDG de BetOnSports, David Carruthers, alors qu'elles faisaient une escale à l'aéroport de Dallas-Fort Worth, de retour de Londres sur la route du Costa Rica où la société est implantée.

Or, M. Carruthers se déplaçait jusqu'alors librement sur le sol américain, où il faisait régulièrement du lobbying en faveur de son activité. Les professionnels du jeu en ligne se sont demandés si ce mouvement de la justice était le signe avant-coureur d'un durcissement de la législation américaine.

Elle est en effet sous la menace depuis des années d'une loi déjà votée à la Chambre des représentants, mais en suspens au Sénat, qui vise à interdire le jeu en ligne dans son ensemble, outre les paris sur le sport comme c'est déjà le cas.

Le patron de BetOnSports, David Carruthers, devait être entendu dans la nuit de vendredi à samedi à Dallas.

En attendant, le groupe a accepté de cesser de prendre des paris aux États-Unis, où il fait 80% de son chiffre d'affaires, comme la plupart des sociétés similaires.

Sa cotation a été interrompue mardi à la Bourse de Londres, alors que le titre avait perdu 16,67% de sa valeur.

L'ensemble des titres du secteur ont chuté aussi, notamment Sportingbet, qui se consacre lui aussi essentiellement aux paris sportifs, et dont le cours a été divisé par deux depuis juin, 888 Holdings ou Empire Online.

Ils ont parfois connu des remontées ponctuelles, quand il est apparu notamment que la justice américaine pourrait surtout vouloir s'en prendre au fondateur de BetOnSports Gary Kaplan, en délicatesse avec elle depuis 15 ans, ou que l'Organisation mondiale du Commerce allait se saisir du dossier.

L'OMC est en effet sollicitée par le petit Etat de Antigua-et-Barbuda, qui estime les règlements américains en matière de jeu en ligne contraires aux règles du commerce international. Les États-Unis mettent en avant «la protection de la moralité publique ou le maintien de l'ordre public».

«Nous avons toujours dit que si l'on veut participer à la forte croissance du secteur des jeux, il faut avoir en tête qu'un fort risque y est attaché», a souligné Wayne Brown, d'Altium Securities.

PartyGaming, numéro un mondial du poker en ligne, fondé en 1997 et basé à Gibraltar, est la seule de ces sociétés à figurer dans l'élite du Footsie-100, l'indice vedette de la Bourse de Londres, dont elle est une des valeurs les plus volatiles.

Après avoir fortement chuté comme ses pairs au cours de cette semaine, PartyGaming a repris quelque 10% vendredi, avec une hausse de 49% de son chiffre d'affaires, qui montre un appétit de la clientèle avec lequel le gouvernement américain pourrait avoir à compter, selon les analystes.

Son directeur général Mitch Garber s'est montré confiant, estimant que le cas BetOnSports «ne devrait pas avoir d'influence sur le Sénat» pour le vote d'une loi anti-jeu plus large. «Il y a déjà eu des BetOnSports avant, et cela n'a pas conduit à l'adoption d'une loi» plus restrictive, a-t-il dit.a