Pour une compagnie qui s'enorgueillit d'être la marginale par excellence, Google se montre bien empressée à participer au jeu ultime des «initiés»: le lobbying.

Pour une compagnie qui s'enorgueillit d'être la marginale par excellence, Google se montre bien empressée à participer au jeu ultime des «initiés»: le lobbying.

Lancé il y a moins d'une décennie dans un dortoir de l'Université Stanford, Google s'est métamorphosée en une entreprise de milliards de dollars, son moteur de recherche étant omniprésent sur Internet.

Sa croissance fulgurante, alimentée par un placement initial en août qui a donné naissance à un monstre sur le marché, se place maintenant sous le feu des projecteurs de Washington.

Au moment où les législateurs et les autorités réglementaires commencent à examiner ses projets en Chine et dans d'autres pays et tandis que les surfeurs sur le Web s'inquiètent de la confidentialité de leurs recherches en ligne, Google effectue des ajustements qui ne cadrent pas exactement avec son image de compagnie indépendante.

L'entreprise a donc commencé à accélérer ses initiatives de pression et d'opérations législatives après avoir ignoré Washington pendant des années. Google fait maintenant des pieds et des mains pour établir des assises semblables à celles dont disposent depuis longtemps des concurrents tels que Yahoo! et Microsoft de même que les compagnies de télécommunications solidement implantées dans la capitale américaine.

Ainsi, Google a fait appel à des firmes de pression bien branchées politiquement et à des consultants ayant des liens avec les leaders républicains tels que le président du parti, Ken Mehlman, le président de la Chambre des représentants, J. Dennis Hestert, et le sénateur John McCain. Des conseillers indiquent que la compagnie pourrait mettre sur pied une division de campagne de souscription pour faire des dons politiques aux candidats.

Aux yeux de certains, Google est un novice qui arrive bien tard à la table. Pour d'autres, l'incursion de la compagnie sur K Street, où se trouvent nombre des plus grands lobbyistes de Washington, représente un nouveau signe de sophistication qui n'est pas nécessairement bienvenu.

« C'est triste », soupire Esther Dyson, la rédactrice du bulletin technologique Release 1.0 et ancienne présidente de Icann, un organisme à but non lucratif qui joue un rôle dans l'administration d'Internet. « Les enfants ont grandi, dit-elle. Ils ont perdu leur jeunesse et leur innocence. Aujourd'hui, ils doivent commencer à se montrer adultes et à jouer dans une certaine mesure selon les règles des adultes. »

Par sa nouvelle approche, Google fournit un autre exemple qui démontre comment les cybercompagnies, si peu conventionnelles soient leurs racines ou si peu conformiste soient leur culture d'entreprise, se voient de plus en plus contraintes d'en découdre avec les mêmes forces en présence à Washington que les compagnies plus traditionnelles affrontent depuis longtemps. Les dirigeants de Google considèrent maintenant que ces initiatives sont nécessaires tandis qu'ils atteignent une stature qui leur permet de jouer des coudes pour faire valoir leurs intérêts sur la scène politique.

« Nous avons établi un programme véritablement axé sur la promotion d'un Internet ouvert à titre de plate-forme de communication révolutionnaire », lance Alan Davidson, qui a été embauché par Google il y a moins d'un an à titre de chef du contentieux pour mettre sur pied des bureaux dans le secteur Penn Quarter de Washington. « C'est la croissance de Google comme compagnie et comme présence au sein de l'industrie qui est à l'origine de notre engagement à Washington », ajoute-t-il.

À l'heure actuelle, les grandes cybercompagnies, et Google est de ce nombre, se préparent en vue d'une bataille difficile les opposant aux législateurs et aux titans de la téléphonie et de la câblodistribution pour déterminer si des frais doivent être imposés pour le trafic lourd de données tel que la lecture en transit de fichiers visuels sur la large bande.

Hier, le titre de Google a reculé de 4,56 %, à 398,90 $US, à la Bourse NASDAQ.