La direction de l'Université McGill a fait fermer le site Web d'un de ses professeurs qui y hébergeait des reproductions de photos d'étudiantes nues publiées dans le numéro courant du magazine Playboy.

La direction de l'Université McGill a fait fermer le site Web d'un de ses professeurs qui y hébergeait des reproductions de photos d'étudiantes nues publiées dans le numéro courant du magazine Playboy.

Les photos en question font partie d'un dossier que le magazine érotique consacre aux universités. L'Université McGill est citée dans ce dossier, et plusieurs étudiantes ont accepté de poser nue pour le numéro de mai 2006, présentement en kiosque.

Or, le professeur Luc Devroye, qui enseigne au département d'informatique de McGill depuis 29 ans, a diffusé la reproduction de ces photos dans une section de son site officiel consacrée à l'actualité universitaire.

«Je publie mes commentaires sur ce qui arrive à McGill, dans les conférences, les ateliers. Je m'amuse, c'est un peu un exutoire pour moi», écrit-il dans une note explicative publiée sur le site de l'Université Carleton, à Ottawa, qui héberge temporairement son ancien site maintenant dépouillé des photos controversées.

«Lorsque j'ai vu qu'il était question de McGill dans Playboy, j'ai scanné les photos et les ai mises sur ma page, parce que ça concerne l'Université. D'ailleurs pratiquement tous les médias au pays en ont parlé», poursuit-il.

Dimanche dernier, le 23 avril, M. Devroye reçoit un courriel de sa supérieure qui lui demande de retirer les photos de son site parce qu'une plainte a été faite au département. Le professeur enlève les clichés controversés, mais les remplace par un lien qui mène à un site non hébergé par McGill et où on peut voir les mêmes photos.

Le lendemain, un courriel lui indique que le doyen de la faculté des sciences, Martin Grant, a ordonné que soit fermée sa page Web.

M. Devroye estime qu'il s'agit là d'un geste de «censure» de la part de l'Université. Il affirme que le fait d'avoir fermé son site a privé ses étudiants des notes de cours qu'il rendait disponibles sur le Web et indique avoir reçu plusieurs courriels à ce sujet. Des participants à un congrès qu'il prépare pour l'été prochain n'ont pu s'inscrire puisque le formulaire se trouvait sur son site, dit-il.

Pour le doyen de la faculté des sciences, Martin Grant, il n'est pas question de censure, mais de décence et de manque de jugement de la part d'un membre du personnel. «À McGill, nous faisons de l'enseignement et de la recherche. Les informations qui ne sont pas liées à ces activités n'ont pas à se retrouver sur nos sites Web, un point c'est tout», dit-il. Selon lui, cette décision ne brime en rien la liberté de pensée des professeurs. «Ça n'a rien à voir avec la liberté académique. De plus, l'Université a pris les mesures nécessaires pour s'assurer que les étudiants aient toujours accès au matériel pertinent diffusé par le professeur sur son site.»

M. Devroye estime quant à lui que ses supérieurs l'ont traité de façon cavalière en fermant son site sans même l'appeler ou chercher à le rencontrer. «L'Université McGill reçoit de fonds pour offrir des outils aux professeurs et aux chercheurs. Si un chercheur communique avec le reste du monde via son site Web, et que ce site est fermé, il y a un problème», écrit M. Devroye.

«Mes patrons auraient dû convoquer une rencontre avec moi-même et celui ou celle qui a porté plainte, poursuit-il. J'ai toujours honoré les demandes concernant le retrait de photos sur mon site. Nous serions arrivés à une entente. C'est comme cela que les choses se règlent: en parlant franchement.»