Le nouveau ministre Gordon O'Connor, député conservateur de Carleton-Mississippi Mills, à l'extrême ouest d'Ottawa, a mis sur pied un site Internet dont la version française a été confiée à un traducteur automatique.

Le nouveau ministre Gordon O'Connor, député conservateur de Carleton-Mississippi Mills, à l'extrême ouest d'Ottawa, a mis sur pied un site Internet dont la version française a été confiée à un traducteur automatique.

Toutefois, tard hier soir, le site Web du ministre O'Connor était -presque- fermé. En fait, seule la page d'accueil était active et on pouvait y lire: «This site is under reconstruction».

Traduction automatisée

Le temps d'un simple clic, le site www.gordonoconnor.ca était traduit par le moteur de recherche Google, offrant des contenus complètement loufoques aux internautes francophones. «J'attends avec intérêt de continuer à servir des moulins du Carleton-Mississippi de votre parlementaire», annoncait le ministre O'Connor.

Sa page d'accueil offrait des liens vers le «Conservateur Partie du Canada» ainsi qu'une «Carte de l'équitation», traduction malheureuse de «Map of riding», c'est-à-dire «Carte de circonscription».

Biographie

La biographie du député conservateur permettait à l'internaute francophone d'apprendre que M. O'Connor a été «juré dans le Cabinet en tant que ministre de la défense nationale 6 février 2006» et qu'il «a habité dans Kanata pour 20-years fini».

Un détour vers la «Zone Association Website», ou plutôt l'Association de circonscription, révélait que «Gordon a obtenu 56 % des voix moulées dans des moulins du Carleton-Mississippi» (56 % of the votes cast in Carleton-Mississippi Mills).

À défaut d'offrir des liens vers la version française du site officiel du Parti conservateur du Canada, dont le contenu était sans tache, le ministre O'Connor soumettait la version anglaise au traducteur automatique.

La section «Dégagement de Nouvelles» (Press Releases) faisait alors écho aux annonces relatives au «nouveau haut-parleur du Sénat» (Speaker), au «fouet en chef du gouvernement» (Whip) et le «paquet de séparation» (severance package) de Dingwall.

Dans la section «Croyance», pourtant, le ministre O'Connor soulignait qu'«au niveau fédéral, le gouvernement et les cours doivent fournir des services en français et l'anglais pour s'assurer que les Canadiens anglais et français ont plein accès».

Difficile pour les francophones

Dans son rapport publié la semaine dernière, la commissaire aux langues officielles, Dyane Adam, a conclu que le quartier général de la Défense nationale est l'un des endroits où les francophones éprouvent le plus de problèmes dans tout l'appareil fédéral quand vient le temps de travailler dans leur langue maternelle.

Vérification faite, les bureaux de circonscription des députés fédéraux- et les sites Internet qui en découlent- ne sont pas soumis à la Loi sur les langues officielles. Le bureau de Mme Adam précise que de tels sites doivent par contre être bilingues s'ils servent à faire des annonces ministérielles.

Qu'il soit ou non en contravention avec la loi, le nouveau ministre O'Connor ne prêche pas par l'exemple, aux yeux du député bloquiste de Gatineau, Richard Nadeau.

«On parle ici du ministre de la Défense d'un pays du G7 qui se dit officiellement bilingue, ce qui est un mensonge éhonté, dit-il. C'est une démonstration du non-respect de quiconque a le français comme langue première, tant au Québec que dans le reste du Canada.»

Le bureau du ministre de la Défense nationale a pris connaissance du site Internet, hier, à la suite d'un appel du Droit. Reconnaissant d'emblée le caractère approximatif de la traduction, il s'est engagé à corriger le tir dans les plus brefs délais.

LE SITE WEB DE GORDON O'CONNOR, UN CAS ISOLÉ

Après avoir parcouru les sites Internet des autres ministres du nouveau cabinet Harper, force est de constater que Gordon O'Connor faisait cavalier seul au chapitre de la traduction française, aussi mauvaise soit-elle. Les autres ministres, qui possèdent pour la plupart un site personnel, n'ont tout simplement pas traduit leur contenu dans la langue de Molière. Pour les ministres qui n'ont pas leurs pages personnelles, le site bilingue du gouvernement fédéral fait office de vitrine officielle. Au Québec, les ministres qui ont leur site personnel offrent leurs informations dans les deux langues officielles. Hugo Meunier