Combien d'aspirants écrivains sommeillent en ces milliers de blogueurs? L'un d'eux, Max, vient avec succès de publier l'un des tous premiers romans-blogues, qui a été encensé par la critique. Et ce, toujours, dans l'anonymat le plus complet.

Combien d'aspirants écrivains sommeillent en ces milliers de blogueurs? L'un d'eux, Max, vient avec succès de publier l'un des tous premiers romans-blogues, qui a été encensé par la critique. Et ce, toujours, dans l'anonymat le plus complet.

Retour en arrière: il y a un an, un illustre inconnu commence son journal sur le Web, dans le but avoué de se désennuyer. Nous avons ici affaire à un cadre désabusé, en quête d'un «manuel de démission mentale». Son blogue est une «décompression à usage thérapeutique». Devinez quoi? Le succès est immédiat. Après une petite mention dans Le Monde, lejournaldemax.com peut se vanter d'attirer plus de 30 000 visites par jour. C'est que son auteur a une plume assassine, un humour cynique. Surtout, il tient des propos 100 % politiquement incorrects.

On l'a comparé à Frédéric Beigbeder (et si c'était lui?) pour sa prose incisive, ses propos insolents. Il jure qu'il n'en est rien. Quoi qu'il en soit, l'homme a un talent certain, pour avoir ainsi attiré tant de lecteurs avec son quotidien minable, à raconter sa vie de glandeur professionnel, de misogyne pervers et méprisant, mais ô combien hilarant. Le genre de texte à déconseiller à quiconque cherche à se motiver pour aller au boulot le lundi matin.

Quelques mois ont suffi pour que ses fans s'inquiètent de son avenir. Leur héros allait se faire licencier, c'est sûr. Mais loin de s'en inquiéter, l'homme, qui a juré au Nouvel Observateur n'avoir rien inventé (mis à part quelques transpositions pour préserver son mystère et son emploi), met un terme à son blogue (au grand dam de ses fans), non pas pour retourner à sa «vie de merde», mais bien pour écrire un roman: un roman-blogue inspiré de ses chroniques dans lequel il affirme apporter «avec une sincérité chirurgicale les joies du bureau, l'ivresse de (son) quotidien». Le résultat vient d'être publié chez Robert Laffont.

Dans Le Blog de Max, on retrouve, dans des situations inédites, son pote Gégé, le boss, la stagiaire sexy, et tous les pions qui gravitent autour, que l'auteur n'honore même pas de prénoms: «les clones forment une meute de jeunes loups (...). Parce que je ne connais et ne connaîtrai jamais rien d'eux, parce que leur vie est cent pour cent synthétique, je les ai numérotés: Numéro 1, 2, 3, 4...»

Au lancement du livre, Max affirmait sur son site que s'il dépassait les 100 000 ventes, il démissionnerait. Il ignore encore les chiffres, mais risque de désappointer ses admirateurs blogueurs déçus de voir leur collègue débauché par le monde littéraire: loin de retourner à son journal, Max, qui promet sa démission «pour bientôt», se propose maintenant d'écrire un deuxième livre, plus personnel cette fois. L'auteur mystérieux sera-t-il enfin démasqué?