La dernière étude de la Business Software Alliance établit le lien entre le piratage de logiciels et l'économie, mais ses conclusions ne sont probablement pas aussi idylliques...

La dernière étude de la Business Software Alliance établit le lien entre le piratage de logiciels et l'économie, mais ses conclusions ne sont probablement pas aussi idylliques...

35% des logiciels dans le monde seraient piratés !

La dernière étude de la Business Software Alliance (BSA), qui couvre 70 pays, s'est intéressée aux répercussions de ce fléau sur l'économie mondiale.

Comme chaque année, la BSA souligne qu'une réduction de 10% du taux de piratage entraînerait un supplément de revenus de 400 milliards de dollars, 67 milliards de taxes (TVA) et la création de 2,4 millions d'emplois.

Le phénomène serait des plus sensibles dans les pays où le piratage est quasiment une institution. En Chine, par exemple, 2,6 millions de nouveaux emplois dans les technologies de l'information pourraient être créés. Quant à la Russie, elle pourrait tripler ses emplois dans le secteur IT.

«Quand les pays prendront les mesures pour réduire le piratage de logiciels, tout le monde pourra en tirer des bénéfices», a déclaré Robert Holleyman, président et CEO de BSA.

«Les travailleurs auront de nouveaux jobs, les consommateurs auront plus de choix, les entrepreneurs seront libres de mettre leur créativité sur le marché, et les gouvernements pourront augmenter le revenu des taxes».

A faire rêver les licenciés des entreprises technologiques !

Par cette étude, la BSA pointe l'éco système qui accompagne le logiciel. Au-delà du développement et de la vente des boîtes, le piratage nuit en effet aux revendeurs, aux réseaux de services, d'installation, de déploiement, de formation. Un marché dont les revenus cumulés sont supérieurs à celui des seuls éditeurs.

Ainsi, si le marché IT global devrait progresser de 33% jusqu'en 2009, cette seule réduction de 10% évoquée par BSA permettrait d'atteindre sur la même période une progression de 45% !

Et si les conclusions de la Business Software Alliance étaient vraies ? Si, entre la lutte contre le piratage et la prise de conscience des Etats, des entreprises et des utilisateurs, le piratage était réduit de 10%, le monde se porterait-il vraiment mieux ?

Certes, réduire le piratage ne pourra qu'avoir un effet bénéfique sur le secteur. Mais l'étude de la BSA affiche un autre chiffre, qui de notre point de vue vient relativiser ses conclusions :

La réduction de 10% du piratage apporterait aux seuls États-Unis un bénéfice économique de 125 milliards de dollars jusqu'en 2009.

À ce seul chiffre, un constat s'impose : les États-Unis seraient le premier et principal bénéficiaire de la réduction du piratage, et s'attribueraient environ 65% des seuls revenus qui en découleraient.

Le piratage de logiciel est un mal qu'il faut combattre, mais il n'est pas certain que la lute contre ce fléau profite autant aux autres pays du monde qu'aux États-Unis. Et ce n'est certainement pas aux USA, les champions des délocalisations off-shore, qu'elle profitera à l'emploi.

La lutte contre le piratage s'impose, mais les bénéfices iront d'abord dans la poche des actionnaires des éditeurs américains, n'en déplaise à la BSA. Mais l'association s'en doute bien, qui réunit justement ces mêmes éditeurs