Des visionnaires, les deux gars de Google? Bof. Pas trop pour les gens de Chicoutimi, qui ont leur bibliothèque virtuelle depuis déjà cinq ans. Deux millions de textes sont téléchargés chaque mois à la bibliothèque du professeur Jean-Marie Tremblay. Aucune poursuite en vue.

Des visionnaires, les deux gars de Google? Bof. Pas trop pour les gens de Chicoutimi, qui ont leur bibliothèque virtuelle depuis déjà cinq ans. Deux millions de textes sont téléchargés chaque mois à la bibliothèque du professeur Jean-Marie Tremblay. Aucune poursuite en vue.

M. Tremblay enseigne la sociologie au collège de Chicoutimi. Il voulait que ses étudiants aient un meilleur accès aux classiques de la philosophie, de la sociologie et des autres sciences sociales. Il a créé la première bibliothèque virtuelle du genre qu'il a simplement baptisée Les Classiques des sciences sociales. Au départ, il voulait reproduire les vieux textes qui ne sont plus liés à des droits d'auteur, mais la machine s'est emballée et, aujourd'hui, ce sont les chercheurs qui courent après Jean-Marie Tremblay pour qu'il inclue leurs recherches dans sa collection. Il a aussi demandé à certains auteurs québécois importants la permission de diffuser leur travail.

"Nous avons eu une excellente réponse des auteurs québécois, raconte le sociologue de Chicoutimi. Dans mon esprit, les chercheurs ne veulent pas faire de l'argent, ils veulent partager leur savoir."

Et c'est pour cela, dit-il, qu'ils n'ont pas hésité à garnir sa bibliothèque à lui, alors que les auteurs sont généralement peu favorables aux bibliothèques virtuelles que les géants américains s'évertuent à mettre au monde. "C'est normal que les auteurs se méfient des entreprises milliardaires", dit-il. Le professeur Tremblay n'est pas milliardaire. Il ne reçoit pas de salaire pour les 40 heures qu'il passe à scanner des livres chaque semaine. Son bureau de recherche est assez facile d'accès; il se trouve dans son sous-sol, où gît un nombre incroyable de livres. "Ma blonde me chicane..." confie le bibliothécaire virtuel.

Ses enfants ayant quitté le nid familial, le sous-sol de M. Tremblay a été équipé de cinq ordinateurs. Le collège de Chicoutimi, l'Université du Québec à Chicoutimi et la Ville de Chicoutimi soutiennent le chercheur et des bénévoles l'aident à mettre en ligne tous ces livres.

"Nous scannons à la main, page par page, et ensuite nous traitons les textes, alors que les autres bibliothèques ne mettent en ligne que des photos de pages." Les livres sont ensuite relus et corrigés pour éviter que des coquilles se glissent dans Les Classiques de sciences sociales. Pour un vieux bouquin de Montesquieu aux pages jaunies, M. Tremblay et son équipe peuvent mettre 300 heures de travail.

La bibliothèque virtuelle et artisanale du prof Tremblay se trouve au: https://www.uqac.ca/Classiques?des?sciences?sociales/