Le propriétaire d'un site Internet qui présente de sordides photos prétendument fournies par des soldats américains basés en Irak et en Afghanistan se dit victime d'une cabale judiciaire orchestrée par le Pentagone.

Le propriétaire d'un site Internet qui présente de sordides photos prétendument fournies par des soldats américains basés en Irak et en Afghanistan se dit victime d'une cabale judiciaire orchestrée par le Pentagone.

Chris Wilson, ex-policier de 27 ans, est accusé par le bureau du procureur du comté de Polk d'avoir diffusé du matériel «obscène» sur son site de pornographie amateur, contrevenant ainsi aux lois floridiennes.

Bien que l'acte d'accusation fasse référence à des photos de nature sexuelle, l'avocat de M. Wilson, Larry Walters, est convaincu que le but réel de ces procédures est de punir son client pour avoir diffusé les photos d'insurgés morts prises par les soldats.

Me Walters dit avoir recueilli des informations laissant croire que le Pentagone a fait pression sur les autorités locales pour les amener à cibler M. Wilson. «Il s'agirait d'un énorme scandale pour le gouvernement», a indiqué hier Me Walters, qui continue son «enquête» à ce sujet.

Plusieurs médias internationaux avaient parlé du site de M. Wilson à la fin du mois de septembre après qu'une publication en ligne eut attiré l'attention sur les photos sanglantes.

L'entrepreneur a commencé à les récolter il y a près d'un an auprès de soldats qui se plaignaient de ne pouvoir consulter les clichés pornographiques normalement proposés sur son site. «Beaucoup d'entre eux avaient du mal à payer avec leur carte de crédit. L'idée de leur donner l'accès gratuit au site en échange de photos, c'était une façon de soutenir les troupes à l'étranger», avait-il expliqué à La Presse.

Le Pentagone a ouvert une enquête pour vérifier si des soldats avaient bel et bien fourni de tels clichés. L'enquête a cependant été fermée en quelques jours sans qu'aucun soldat ne soit mis en cause. Les accusations contre M. Wilson ont été déposées une dizaine de jours plus tard.

Le porte-parole du bureau du procureur, Chip Thullbery, assure que les allégations de l'avocat de M. Wilson sont «simplement erronées».

«Il n'y a pas eu de pression (de Washington). Et s'il y en avait eu, nous l'aurions ignorée», a indiqué hier M. Thullbery, qui se disait incapable de préciser à quel moment l'enquête a commencé.

Dans une déclaration sous serment présentée à l'appui des accusations, un détective du comté affirme s'être intéressé aux activités de M. Wilson dès 2003, soit bien avant que les premières photos de ressortissants irakiens ou afghans n'apparaissent en ligne.

Me Walters s'étonne que la police locale ait mentionné, dans un communiqué, son intention de continuer à collaborer avec les enquêteurs de l'armée relativement au dossier de son client. «Si toute cette histoire n'a rien à voir avec les photos provenant de soldats, à quoi collaborent-ils? C'est un autre indice qu'il y a quelque chose qui cloche», souligne l'avocat.

Il ne voit pas pourquoi le matériel pornographique disponible sur le site justifierait une soudaine intervention des autorités. «Il y a des milliers de sites qui diffusent du matériel similaire», souligne l'avocat.

M. Wilson, joint à son domicile, a refusé hier de répondre aux questions de La Presse. «Mon avocat ne veut pas que je fasse le moindre commentaire», a-t-il noté.

Le jeune entrepreneur demeure néanmoins déterminé à diffuser les photos sanglantes, qui sont toujours accessibles en ligne. Dans la section qui leur est réservée, on pouvait lire hier un récent message du responsable du site- de toute évidence M. Wilson- qui insiste sur la nécessité de montrer la «réalité» du conflit en Irak, sans censure.

Me Walters est tout à fait d'accord. «Cette cause va au coeur de l'actualité politique. Le gouvernement cherche à présenter une image de la guerre en Irak qui est enrobée, qui ne choque pas... Les gens ne voient pas dans les grands médias la réalité, mais ils peuvent le faire sur le site de M. Wilson», conclut-il.