Plus de quatre ans après avoir créé une nouvelle catégorie d'appareils, les haut-parleurs intelligents, dont on a vendu 100 millions d'unités, Amazon lance officiellement son Echo au Québec.

Depuis hier, le « français canadien » est intégré à l'assistante vocale Alexa, l'intelligence artificielle derrière la demi-douzaine d'appareils de la gamme Echo. Alexa parle maintenant avec un accent québécois bien flagrant, comprend la plupart des variantes linguistiques typiques de ce côté-ci de l'Atlantique et peut débiter blagues, poèmes et remarques conçus pour un utilisateur québécois. Cette Alexa québécoise était déjà discrètement apparue fin décembre dans les sous-menus de configuration, sans être annoncée. Par ailleurs, d'autres fabricants utilisant Alexa dans leurs appareils, notamment Sonos et Jabra, ont annoncé hier qu'ils offraient la version québécoise.

« Magasinage » et « canceller »

La journée d'hier marque l'aboutissement d'une année d'efforts depuis le lancement au Canada de l'Echo, indique Nicolas Maynard, responsable canadien d'Alexa. Les défis pour passer du français de France à celui du Québec étaient nombreux, notamment parce que les anglicismes utilisés ne sont pas les mêmes.

« On va dire "magasiner" et "fin de semaine" au Québec au lieu de "faire du shopping" et "week-end". Mais on va également demander à Alexa "Checke la météo" et "Cancelle mon timer". »

- Nicolas Maynard

Depuis l'automne dernier, quelques milliers d'utilisateurs au Canada - on a également recruté des francophones hors Québec - ont été mis à contribution pour entraîner Alexa. Le résultat est plutôt sympathique et permet à l'assistante vocale de donner sans hésiter le résultat de la plus récente partie du Canadien lorsqu'on le lui demande - un exploit de compréhension quand on y pense -, de parler de soccer plutôt que de football et de réciter Le vaisseau d'or d'Émile Nelligan.

Inquiétudes sur la vie privée

S'il ne précise pas les statistiques de ventes au Canada de la gamme des produits Echo, du tout petit Dot à l'Echo Plus, M. Maynard assure que la réception depuis un an a été « très positive ».

Toute l'aventure d'Alexa, prénom choisi en hommage à la bibliothèque d'Alexandrie, constitue une belle surprise pour Amazon, précise le responsable canadien. Inspirée de Star Trek et de son ordinateur central qui obéit aux commandes vocales, cette intelligence artificielle a connu un succès inattendu dès ses premiers mois aux États-Unis. L'appareil Echo utilisant Alexa peut notamment faire jouer des pièces musicales à la demande, fournir des informations comme les prévisions météo et des définitions, servir de minuteur ou de centre de contrôle domotique et activer des achats sur le site d'Amazon.

Depuis un an, des voix se sont toutefois élevées contre les risques que représentent de tels appareils pour la vie privée. Des appareils comme l'Echo, ou son principal concurrent Google Home, sont en effet équipés de micros qui leur permettent de rester en mode d'écoute passive en tout temps. Dans le cas de l'Echo, les sept micros peuvent être désactivés « électriquement » par un bouton, sans possibilité d'enregistrer quoi que ce soit, précise M. Maynard. L'autre nuance importante, c'est que seules les commandes prononcées après avoir utilisé un mot déclencheur (généralement « Alexa ») sont envoyées à Amazon pour la reconnaissance vocale.

Enfin, insiste M. Maynard, la seule utilisation des enregistrements, que les utilisateurs peuvent consulter et effacer sur leur compte, est l'entraînement de l'intelligence artificielle. Jamais pour le ciblage publicitaire ? « Non. Nous sommes catégoriques là-dessus. »