Elle a ringardisé les disquettes et les CD gravables: la clé USB va désormais bien plus loin que sa simple fonction de stockage et se transforme en ticket de bus, album de musique, cartable ou même ordinateur virtuel.

Ces quelques centimètres bourrés de technologie vont trouver à partir de lundi une nouvelle application, avec le lancement à Montpellier de la première clé en Europe utilisable comme titre de transport: on la recharge sur Internet en la branchant sur son ordinateur.

Une fois dans le bus ou le tramway, il suffit de la passer devant un lecteur pour valider son ticket: «elle est équipée d'un composant qui lui permet de dialoguer sans contact et d'une mémoire de 1 gigaoctet», explique le responsable du département systèmes de Transdev, un des initiateurs du projet, Frédéric Linossier.

À Montpellier, on rêve déjà d'autres applications, pour payer son entrée à la piscine ou aider les élèves. «On pourrait mettre dans la clé tous les ouvrages des collégiens au format électronique», imagine M. Linossier.

Le porte-monnaie électronique français Moneo est lui aussi testé sur clé à Bordeaux (sud-ouest de la France) et Toulon (sud-est).

En 2009, il s'est vendu 11,4 millions de clés USB en France, pour 164,6 millions d'euros, selon l'institut de conseil Gfk. Les ventes mondiales ont atteint 1,07 milliard d'unités selon le cabinet de stratégie technologique Gartner.

Des chiffres qui n'incluent pas les clés pour se connecter à Internet, via la 3G ou le wifi: en France, on comptait 2 millions de clés 3G fin 2009, selon Forrester.

Tandis que les formes les plus fantaisistes sont apparues, «les choses vont extrêmement vite en termes de capacité», constate le secrétaire général du Syndicat national français des supports d'image et d'information (SNSII), Marc Héraud.

«Le coeur du marché ce sont désormais les clés 4 gigaoctets, avec presque 50% des ventes», un format qui intéresse notamment l'industrie de la musique pour y vendre des albums, tandis que «le segment des 1 gigaoctet et moins disparaît», ne représentant plus qu'1,4% du marché français.

L'américain Kingston Technology a présenté en juillet une clé de 256 gigaoctets, un record mondial et l'équivalent de 365 CD, prédisant qu'«en 2010, les capacités vont encore augmenter».

De quoi stocker un ordinateur virtuel. Le géant américain du logiciel  Microsoft a par exemple signé un accord avec l'organisation de coopération policière internationale Interpol pour fournir aux services de police de 187 pays une clé remplie de logiciels, baptisée Cofee (Computer Online Forensic Evidence Extractor), qui permet d'accéder aux données de l'ordinateur d'un suspect.

En entreprise, «des clés USB servent aux employés à s'identifier à distance sur n'importe quel ordinateur, pour travailler en déplacement dans un univers sécurisé», explique un analyste de Gartner, Ruggero Contu.

«Nous proposons une clé incluant un accès à un site de jeux en ligne, un antivirus et un logiciel pour télécharger des vidéos sur Internet», explique Christophe Rocca, responsable marketing Europe du Sud pour le leader mondial SanDisk, fabricant américain de cartes mémoire.

En France, quelque 43 000 clés comprenant des logiciels, outils et documents pédagogiques ont été distribués, dès 2008, par le ministère de l'Education aux enseignants sortis de formation.

Début février, la secrétaire d'État française à l'économie numérique Nathalie Kosciusko-Morizet a présenté le projet IDéNum, pour regrouper d'ici 2011 en un seul support (clé, mobile ou carte à puce) tous les identifiants et mots de passe de l'internaute.