La crise économique mondiale s'est durement fait sentir dans la Silicon Valley et son avenir comme foyer de l'innovation technologique est désormais menacé, selon le rapport de deux associations locales publié jeudi.

«Notre rang face à la concurrence est en danger», lit-on dans le rapport 2010 Silicon Valley Index, publié par la Silicon Valley Community Foundation et l'association «Joint Venture: Silicon Valley Network», à la veille d'une conférence annuelle des décideurs locaux.

La Silicon Valley ('la vallée du silicium', du nom de l'élément semi-conducteur utilisé dans les circuits intégrés), région californienne située au sud de San Francisco, a perdu 90 000 emplois entre le printemps 2008 et le printemps 2009, selon ce rapport.

«L'innovation dans la Silicon Valley, qui était le moteur de la prospérité de la région depuis 60 ans, a calé», a expliqué le patron de Joint Venture, Russell Hancock. «Ce qui est difficile à dire, c'est si nous sommes juste au point mort, ou s'il faut tout revoir».

«Notre capacité à attirer les meilleurs talents, à financer l'innovation et à préserver une qualité de vie correcte n'est plus garantie», a renchéri le directeur de la Silicon Valley Community Foundation, Emmett Carson.

«Avec le nombre croissant de partenariats mondiaux, la Silicon Valley dépend de plus en plus des talents étrangers, surtout pour occuper des postes d'ingénieurs et de scientifiques», souligne le rapport. «Mais les mesures prises par notre pays à la suite du 11-Septembre et l'essor d'autres régions font que la Silicon Valley est moins accessible et moins attirante qu'autrefois».

«Les flux venant de Chine et d'Inde continuent de progresser, tout comme les investissements et la collaboration entre la Valley et ces deux pays», mais la rapide expansion de ces pays risque de ralentir l'immigration en Californie d'ingénieurs qui en viennent, s'inquiète le rapport.

En outre les investisseurs en capital-risque n'ont «généralement pas obtenu de gros retour sur leurs investissements» dans la région durant la décennie écoulée, et aujourd'hui beaucoup d'entre eux se détournent de l'informatique et des semi-conducteurs pour se concentrer sur la biotechnologie, l'énergie, les équipements médicaux et les médias.

Enfin, les déficits budgétaires de l'État de la Californie privent la région de toute injection de fonds de ce côté là, tandis que peu de fonds fédéraux s'y intéressent.