«On a déjà vu ça, des sièges de cinéma qui bougent.» Cette réplique, les gens de D-Box l'ont entendue plus d'une fois. Mais dans une semaine, ils entendent prouver aux cinéphiles québécois que leur technologie, c'est bien plus que ça.

Vendredi prochain, 26 sièges signés D-Box seront inaugurés au cinéma Beloeil, en banlieue de Montréal.

L'entreprise québécoise roule sa bosse depuis plus de 15 ans. Elle s'est donné comme mission de changer la perception qu'ont les spectateurs d'un film en leur offrant une «expérience immersive».

«D-Box, ce n'est pas un parc d'attractions. On veut répliquer ce que l'on ressent dans la vraie vie», dit Guy Marcoux, le directeur du marketing de l'entreprise.

Pour ce faire, des programmeurs installés dans les bureaux de l'entreprise à Longueuil passent des films au crible. Ils peuvent travailler des centaines d'heures à décortiquer les scènes pour y accoler des mouvements et des vibrations qui seront retransmises par un fauteuil, de manière à ce que les spectateurs ressentent l'action.

Un train passe sur des rails? Les «activateurs», sortes de pistons installés sous le fauteuil de cinéma, le font bouger et on ressent les vibrations du train. Un personnage glisse dans la neige? C'est tout en douceur que l'on descend avec lui. Les effets n'ont rien à voir avec une descente en manège.

«Il faut l'essayer, ça ne se décrit pas», martèle comme un mantra Guy Marcoux.

Plusieurs dirigeants de studios hollywoodiens ont essayé. Ils ont aimé. Si bien que D-Box a conclu des ententes avec Sony, Warner Bros et Universal, entre autres, pour faire bouger leurs films sur grand écran.

Depuis avril, sept cinémas ont été pourvus de ces sièges, dont six aux États-Unis.

C'est ainsi que les films Harry Potter and the Half-Blood Prince, Astro Boy et Fast&Furious sont passés dans la moulinette D-Box.

«Ça nous a pris deux ans de lobbying et de cognage aux portes pour convaincre les studios. C'est une industrie très conservatrice et les studios ne voulaient pas mettre leur réputation en jeu», dit le directeur du marketing de l'entreprise.

À une époque où tout se trouve sur l'internet avant le temps, la petite entreprise québécoise devait aussi convaincre les studios de lui remettre des films qui ne sortiront que dans quelques mois, afin qu'elle puisse les adapter à sa technologie.

Mais D-Box avait une carte dans son jeu pour persuader les studios de travailler de pair avec elle: une façon de ramener des gens dans les salles de cinéma.

«Ce qu'on apporte, c'est une valeur ajoutée. C'est une nouvelle source de revenus pour les cinémas, pour les studios et pour D-Box. C'est une situation où tout le monde gagne», dit Claude McMaster, président de Technologies D-Box.

La valeur ajoutée a toutefois un prix. À Beloeil, c'est 7$ de plus que devront débourser les gens qui voudront s'asseoir dans un fauteuil qui bouge.

Le premier film qu'ils pourront «ressentir» est 2012, un long métrage de Universal Pictures réalisé au coût de 200 millions.

Car la technologie D-Box a beau être décrite comme «subtile et raffinée» par ses concepteurs, il n'en demeure pas moins qu'elle est l'alliée naturelle des films d'action, où ça brasse beaucoup!