Des projectiles qui semblent sortir de l'écran, une saisissante impression de profondeur: le géant Sony a annoncé cette semaine qu'il commercialiserait dès l'an prochain des téléviseurs en relief, relançant ainsi les hostilités autour d'une technologie très convoitée.

Le groupe japonais veut aussi adapter ses consoles de jeux, ses ordinateurs portables ou ses lecteurs de disques, en résumé «faire rentrer la 3D dans les maisons» alors qu'elle reste jusqu'ici cantonnée aux cinémas, a-t-il claironné à l'occasion du salon d'électronique grand-public Ifa qui se tient jusqu'au 9 septembre à Berlin.

Sur le stand Sony, les prototypes de ces téléviseurs en relief ressemblent à de banals écrans LCD, où défilent des dessins animés colorés et... un peu flous. Mais en chaussant des lunettes sophistiquées, les visiteurs découvrent une image parfaitement nette, et toute en profondeur.

Dans son principe, la technologie employée est connue depuis plusieurs années, notamment par les amateurs de certains jeux sur ordinateurs. Mais les ingénieurs de Sony ont travaillé à améliorer la qualité de l'image afin que le téléspectateur «n'ait plus mal à la tête au bout d'une demi-heure», explique un démonstrateur du stand.

Fort du résultat obtenu, le groupe a décidé de passer à la vitesse supérieure, et de lancer la commercialisation de masse en 2010, pour un prix encore inconnu.

«C'est le moment parfait pour une telle annonce, même si l'objectif est ambitieux», déclare à l'AFP Ralf Tanger, expert en technologie 3D de l'institut de recherche Fraunhofer Heinrich Hertz.

Sony n'est pas seul sur les rangs: Panasonic (Japon) ou Hyundai (Corée du Sud), ont dévoilé de premiers modèles de téléviseurs, sans avancer de date de commercialisation. Les fabricants d'ordinateurs ou de téléphones portables sont aussi en embuscade.

«Pour l'instant, le grand handicap c'est que nous manquons encore de contenu», c'est-à-dire de films ou d'émissions tournés en relief, «mais c'est en train de changer», indique à l'AFP Jörn Ostermann, professeur à l'université de Hanovre et spécialiste du sujet.

Après les salles obscures, où sont attendus par exemple «Avatar», long-métrage en 3D de James Cameron («Titanic») ou une fiction en relief consacrée à la chorégraphe Pina Bausch par Wim Wenders, «l'objectif est maintenant le salon familial», selon M. Tanger.

Mais avant de l'investir totalement, les industriels devront selon lui trancher une épineuse question: «Lunettes? Ou pas lunettes?"

La grande majorité des appareils présentés doivent en effet être couplés avec des lunettes dotées d'obturateurs qui se ferment alternativement, en synchronisation avec l'image, pour créer l'impression de profondeur.

Le principe de la 3D repose en effet sur la capacité à dissocier la vision des deux yeux. Au tout début de la technologie, cet effet était obtenu avec des lunettes dont un verre était rouge et l'autre vert.

Mais d'ores et déjà, certains prototypes fonctionnent sans lunette. C'est le cas d'un écran du néerlandais Philips, qui utilise la technologie «3D4you» développée par un consortium de chercheurs européens.

L'effet 3D est efficace, mais ne fonctionne que si le spectateur se place à une certaine distance de l'écran. Surtout, à la différence des téléviseurs couplés avec des lunettes, l'appareil ne peut pas être utilisé pour regarder des programmes classiques en 2D.

Lunettes ou pas, il faudra enfin que tous se mettent d'accord sur un format unique d'images 3D. L'expérience a montré, via les batailles entre formats d'enregistrement Betacam et VHS, puis entre Blu-Ray et HD-DVD, que cette étape pouvait être délicate.