Il y a quelques semaines, Pasquale Castaldo attendait un vol qui avait été retardé à l'aéroport Dallas-Fort Worth, lorsqu'un homme assis en face de lui a sorti un lecteur de livre électronique Amazon Kindle. Il s'est aussitôt demandé s'il ne pouvait pas également s'adonner à la «cyberlecture».

M. Castaldo ne possédait pas un Kindle, mais il avait un BlackBerry. Il l'a sorti et s'est mis à chercher les applications existantes. Comme par hasard, Barnes & Noble Inc. venait tout juste de rendre disponible un programme de «cyberlecture». L'homme de 54 ans l'a téléchargé et à peine une minute plus tard, il amorçait la lecture de «Orgueil et Préjugés» (Pride and Prejudice), de la romancière anglaise Jane Austen.

Comme bien d'autres, le banquier originaire de North Haven, au Connecticut, sait maintenant que des «cyberlivres» sont disponibles dans Internet sans devoir nécessairement compter sur un Kindle.

Grâce à ce dispositif, commercialisé par Amazon.com, les ventes de cyberlivres connaissent enfin du succès après avoir végété pendant plus d'une décennie.

Mais cette domination risque de ne pas durer. Comme l'a découvert M. Castaldo, de nombreux téléphones sont devenus si sophistiqués et comptent sur des écrans tellement performants qu'ils peuvent être transformés en dispositifs de lecture électronique.

Depuis le début de 2008, soit juste après le lancement du Kindle, les ventes de cyberlivres ont bondi radicalement, selon l'Association of American Publishers. Elles ont connu la croissance la plus soutenue de l'industrie depuis que l'International Digital Publishing Forum suit l'évolution des ventes, en 2002, et une preuve que les cyberlivres sont sur le point de devenir monnaie courante.

Selon une douzaine de maisons d'édition, les ventes de cyberlivres entre les mois d'avril et de juin 2009 ont plus que triplé aux États-Unis par rapport aux chiffres enregistrés il y a un an.

Les ventes rapportées, en fonction des prix au détaillant, se sont chiffrées à 37,6 millions $, ce qui représente moins que deux pour cent de l'ensemble des recettes de l'industrie du livre. Mais ces chiffres sous-évaluent l'ampleur des ventes de cyberlivres car plusieurs maisons d'édition ne fournissent pas de données au rapport.

Les ventes de cyberlivres ont été lentes à s'établir à cause, entre autres, de restrictions technologiques.

Le Kindle et le Reader, de Sony, tentent de reproduire l'aspect d'une page imprimée à l'aide d'une technologie d'affichage surnommée «encre électronique».

Si plusieurs adeptes trouvent qu'il est facile d'y lire, l'encre électronique impose des limites au dispositif, qui n'offre pas l'écran à rétroéclairage. Elle ne peut afficher les couleurs. Le processus de mise à jour est lent, rendant son usage difficile pour la navigation dans Internet ou autres activités réalisées à l'aide d'un ordinateur.

Bien que le Kindle ait stimulé l'intérêt pour les livres électroniques, le téléchargement d'applications de cyberlecture pour les «téléphones intelligents» a surpassé l'utilisation du Kindle, selon Sarah Rotman Epps, analyste chez Forrester Research.

Par exemple, on compte déjà plus de 2 millions de téléchargement de l'application Stanza pour iPhone et iPod Touch depuis l'été dernier. Or, selon les estimations de Mme Rotman Epps, il s'est vendu quelque 900 000 Kindle pendant le premier trimestre de l'année en cours.

Selon Mme Rotman Epps, il existe un marché viable pour les dispositifs ciblés de lecture électronique, mais le potentiel pour la cyberlecture à l'aide d'appareils que les gens possèdent déjà est encore plus prometteur.

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