La Commission européenne a défendu samedi l'amende record qu'elle a infligée au groupe américain de micro-processeurs Intel, après des fuites dans la presse sur un rapport selon lequel la Commission aurait négligé un témoignage favorable à Intel.

La Commission européenne a infligé en mai une amende de 1,06 milliard d'euros à Intel pour abus de position dominante, aux dépens notamment de son concurrent et compatriote Advanced Micro Devices (AMD).

Intel, dont les comptes ont plongé dans le rouge au deuxième trimestre à cause de cette amende, avec une perte de 398 millions de dollars, a fait appel de la décision.

Or le médiateur de l'Union européenne s'apprête à remettre à la Commission un rapport accusant celle-ci de «mauvaise gestion», selon la presse américaine.

«La Commission peut vous assurer qu'elle à respecté les droits à la défense Intel», a déclaré samedi à l'AFP son porte-parole, Alain Bloedt. Mais la Commission «ne souhaite pas commenter en détail un avis du médiateur qui n'a pas encore été publié», a-t-il ajouté.

Selon le Wall Street Journal, le médiateur de l'UE Nikiforos Diamandouros va reprocher à la Commission de ne pas avoir formellement enregistré au dossier un compte-rendu d'une rencontre avec un dirigeant du fabricant d'ordinateurs Dell, qui avait qualifié la performance d'Advanced Micro Devices, rival d'Intel, de «très médiocre».

Une telle appréciation pourrait suggérer que Dell avait choisi d'utiliser les micro-processeurs d'Intel pour leur qualité et non parce qu'il aurait fait l'objet de pressions commerciales.

Concrètement, Bruxelles reprochait à Intel d'avoir profité entre octobre 2002 et décembre 2007 de sa position dominante sur le marché des processeurs pour micro-ordinateurs (x86) pour en écarter ses concurrents.

Ce marché représente 22 milliards d'euros par an au niveau mondial, dont environ 30% en Europe. Sur la période considérée, Intel y avait une part de marché d'environ 70%.

Selon Bruxelles, Intel accordait des remises «intégralement ou partiellement occultes» à des fabricants d'ordinateurs qui s'engageaient à acheter leurs processeurs uniquement auprès de lui.

Bruxelles cite comme fabricants concernés Acer, Dell, HP, Lenovo et NEC, sans préciser de quelles mesures ils ont précisément profité.

Selon Intel, ce sont les fabricants d'ordinateurs qui étaient demandeurs de baisses des prix.

Le régulateur européen de la concurrence a également accusé Intel d'avoir payé des fabricants d'ordinateurs pour qu'ils arrêtent ou retardent le lancement de produits contenant des processeurs x86 fabriqués par des concurrents.

«Intel a causé du tort à des millions de consommateurs européens en cherchant délibérément à exclure les concurrents du marché des puces informatiques pendant des années», s'était insurgée en mai la commissaire à la Concurrence, Neelie Kroes.

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