Psikharpax, Roi des rats dans une parodie de l'Illiade attribuée à Homère, est aussi un robot qui ambitionne d'être aussi doué qu'un rat pour s'orienter, capter des informations visuelles, auditives ou tactiles, et «survivre» dans un environnement inconnu ou menaçant.

Long de 50 cm, Psikharpax, présenté de mercredi à vendredi au Salon européen de la recherche et de l'innovation à Paris, dispose d'un sens du toucher grâce à de longues moustaches appelées «vibrisses», ainsi que de l'ouïe et de la vue grâce à d'autres capteurs. S'alimenter, c'est pour lui réussir à recharger à temps ses batteries.Les concepteurs de ce projet ont cherché à copier la nature pour faire un robot capable de s'adapter à l'imprévu et d'acquérir des connaissances.

«On veut faire des robots autonomes dans un environnement» qui dépendraient «le moins possible» de l'homme, explique Agnès Guillot de l'Institut des systèmes intelligents et de robotique (ISIR).

«Les robots industriels sont très performants parce que l'environnement est connu, tout comme la tâche qu'ils ont à effectuer. Leur conception repose sur des connaissances humaines. Alors que si on veut envoyer un robot sur Mars ou aider quelqu'un dans un appartement que nous ne connaissons pas il faut que le robot ait les capacités pour lui-même trouver ce qu'il faut faire», ajoute la chercheuse qui travaille aux côtés du concepteur, Jean-Arcady Meyer.

«Jusqu'à présent cette adaptabilité, cette autonomie des robots était proche du niveau insecte», précise Mme Guillot. L'objectif du projet européen ICEA (Integrating Cognition, Emotion and Autonomy) auquel son laboratoire participe est, dit-elle, «de réaliser un robot qui aurait les capacités d'un mammifère» en «copiant un certain nombre de circuits nerveux du rat».

Mais pourquoi un rat? «Parce que c'est l'animal que les scientifiques connaissent le mieux, sa structure cérébrale est proche de celle de l'homme», précise Steve Nguyen.

«Si on arrive à comprendre le cerveau du rat, on aura progressé dans celle du cerveau humain», ajoute ce jeune doctorant, chargé d'intégrer les différentes perceptions sensorielles de Psikharpax, en donnant, selon les cas, plus de poids à la vue ou au toucher.

«Je copie la nature, c'est ce qu'on fait en bionique», résume Patrick Pirim de Brain Vision Systems, entreprise spécialisée dans la «vision intelligente» qui participe au projet de rat artificiel.