Une maison «intelligente» truffée de capteurs, mise au point par les chercheurs de la technopole de Sophia-Antipolis, pourrait aider à garder un oeil sur l'état de santé des personnes âgées à domicile.

Rien ne distingue en apparence cet appartement niché dans la pinède d'un deux pièces sobrement meublé. A y regarder de plus près, à soulever le coussin d'un fauteuil ou à inspecter les portes de placard, on y découvre pourtant d'insolites petits équipements. «Ce sont des capteurs, déployés dans toutes les pièces, à des endroits stratégiques qui nous permettent de suivre et d'analyser l'activité du résident», explique Alain Anfosso, chargé du projet «Gerhome» au Centre scientifique et technique du bâtiment (CSTB) de Sophia-Antipolis.

Installé à l'arrière du CSTB, cet appartement pilote sert de laboratoire à l'équipe chargée depuis 2005 du projet qui associe également les compétences de l'Institut national de recherche en informatique et automatique, du CHU et de l'université de Nice soutenus par le conseil général des Alpes-Maritimes et la région Provence-Alpes-Côte d'Azur.

«Comme beaucoup, nous avons été choqués par les conséquences de la canicule de 2003 et l'absence d'accompagnement des personnes âgées. Dans le même temps, nous avons constaté le caractère dépassé des systèmes de téléalarme qui ne permettent d'intervenir qu'après un incident, avec un risque élevé de ne pas être déclenchés pendant une déambulation la nuit ou durant la toilette», remarque M. Anfosso.

L'expérience «Gerhome» a donc été conçue comme une aide au maintien à domicile des personnes âgées dans de bonnes conditions de sécurité grâce à un dispositif capable de détecter l'apparition de certaines fragilités ou pathologies du vieillissement.

L'occupant se lève-t-il de plus en plus tard? Oublie-t-il de s'alimenter, de se laver ou d'éteindre des appareils électriques? Ses mouvements sont-ils plus lents qu'à l'habitude? Recueillies par les capteurs placés dans les équipements de la maison, ces informations sont interprétées grâce au logiciel «intelligent» placé à domicile.

En fonction du protocole qui aura été défini avec le résident, un signal peut être transmis à des proches, un médecin, une assistance à domicile, des services d'urgence.

Les ingénieurs ont travaillé en étroite collaboration avec les gériatres du CHU de Nice pour utiliser les mêmes critères d'évaluation de l'autonomie d'une personne âgée que la médecine.

«Ce partenariat est essentiel. Tous les systèmes d'assistance technique à domicile sur le marché aujourd'hui sont issus d'une démarche industrielle, alors que nous, nous suivons un protocole scientifique», explique Olivier Guérin, gériatre au CHU de Nice.

Quatorze volontaires de plus de 65 ans, en pleine forme, ont testé l'appartement en 2008. Une autre expérimentation du dispositif devrait suivre en 2010 en milieu hospitalier.

Les ingénieurs du CSTB devraient également déployer le système dans deux logements privés et deux chambres de maison de retraite d'ici fin 2009.

Les partenaires de «Gerhome» savent qu'une des limites à l'application du système résidera dans son acceptation par les personnes âgées et la société, compte tenu de son caractère intrusif.

«Nous savons aussi que le lien humain est irremplaçable mais au regard du vieillissement de la population, de l'insuffisance et du coût des moyens humain, ce type d'équipement représente certainement une solution d'avenir», estime le Dr Guérin.

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