L'informatique dématérialisée, dite «cloud computing», est en train de faire une percée dans les entreprises, de plus en plus séduites par ces services de stockage et de logiciels en ligne qu'elles peuvent payer par abonnement ou en fonction de leur utilisation.

Plus besoin d'avoir, dans sa société, une lourde batterie de serveurs pour héberger les mails, les fichiers des utilisateurs ou le système de gestion: le «cloud computing», qui est en passe de révolutionner le marché des services informatiques, ne requiert que des ordinateurs connectés à internet.Toutes les données, ainsi que les applications, se trouvent hébergées quelque part sur la toile - ou «in the cloud» (dans les nuages) - par une société externe et sont accessibles via un simple navigateur.

«Le gros avantage, c'est que les entreprises passent» ainsi d'un investissement en matériel à un achat de services, explique Nicolas Marry d'Avanade France, une filiale commune de Microsoft et d'Accenture (conseil en informatique), qui propose ce type de solutions.

Selon une étude du cabinet de conseil en technologie Gartner menée auprès de 2.600 entreprises en Europe et en Amérique du Nord, une majorité d'entre elles se mettent au «cloud computing» en commençant par «la virtualisation des serveurs».

Cette évolution «n'est pas vue comme une mode, mais comme un mouvement de fond» par les entreprises interrogées, souligne M. Marry.

Les prévisions des analystes témoignent en tout cas de l'engouement pour l'informatique dématérialisée. Selon Gartner, cette activité va croître de plus de 21% dans le monde en 2009, dépassant les 56,3 milliards de dollars (41,7 milliards d'euros). Un chiffre qui devrait quasiment tripler à l'horizon 2013, à rebours du marché informatique qui devrait reculer en 2009.

Du côté des grands acteurs de l'informatique, conscients de l'enjeu, les grandes manoeuvres ont commencé. L'équipementier américain Cisco vient d'annoncer son arrivée sur le marché des serveurs, redessinant par là-même le paysage des alliances dans le secteur, en allant concurrencer sur leur terrain ses clients Hewlett-Packard (HP) et IBM.

Les tentatives de rachat de Sun Microsystems par IBM vont dans le même sens. Si l'acquisition aboutissait, elle permettrait au géant américain de se développer dans le stockage de données, l'internet et les télécommunications, et de renforcer son activité de serveurs.

Cette opération provoquerait «une tempête dans l'industrie informatique», explique Philip Dawson, un analyste de Gartner.

IBM n'a de toute façon pas attendu pour intervenir sur le marché: le groupe vient d'annoncer une première offre de logiciels en ligne pour les entreprises.

La récente panne du service de messagerie Gmail de Google a toutefois mis en lumière un des risques du «cloud computing»: comment une société pourra-t-elle accéder à ses fichiers en cas d'indisponibilité du service?

En mettant une partie de leur travail en ligne, loin de chez elles, les sociétés craignent également pour la sécurité de leurs données.

Les spécialistes répondent à cette appréhension -en partie fondée, selon eux -, par la mise en place de normes élevées pour les entreprises, du même type que celles utilisées pour les systèmes bancaires.