Bataille de clips à l'Assemblée entre l'UMP et le PS, vidéos envoyées aux parlementaires par le gouvernement, interventions dans l'hémicycle mises en ligne: le clip vidéo est devenu un nouvel outil de communication politique en France.

Alors que les députés débattent du projet de loi sur internet, le ministère de la Culture leur adresse quotidiennement une lettre électronique avec des vidéos où des artistes, mais aussi Christine Albanel, défendent le texte.

«Lobbying gouvernemental», comme le dénonce le député PS Patrick Bloche, ou simple «campagne d'information» à l'adresse des élus, ainsi que l'affirme le ministère ? Quoi qu'il en soit, parlementaires, partis et même gouvernement recourent au clip pour faire passer un message politique.

«Avant, les vrais supports de communication étaient les revues politiques ou les tracts. Avec la vidéo, on a dématérialisé tout ça», explique à l'AFP Brice Rabaste, chef de cabinet du groupe UMP, qui emploie depuis mai 2008 une personne à plein temps pour filmer ses députés dans les couloirs ou lors de conférences de presse, puis monter les vidéos.

«Chaque film est ensuite mis en ligne sur des sites de partage tels que Dailymotion ou Youtube et sur le site internet du groupe UMP», poursuit M. Rabaste. Le but: «rendre l'Assemblée, qui peut paraître impressionnante, plus accessible à l'extérieur».

«C'est un vrai service que nous proposons. Chaque député filmé reçoit ensuite un mail avec un lien vers sa vidéo, située sur un serveur, afin qu'il puisse la mettre sur son site personnel ou son blogue», détaille-t-il.

Les interventions dans l'hémicycle durant les débats ou lors de la séance des questions au gouvernement sont également très utilisées par l'UMP et le PS, mais aussi par le groupe GDR (PCF et Verts) et les centristes du NC, pour «mettre en avant» leurs députés et expliquer leur position sur tel ou tel texte.

En janvier, l'examen du projet de loi sur le travail législatif a été le théâtre d'une «bataille de vidéos» entre l'UMP et le PS, le premier montage dénonçant les «ravages de l'obstruction», le second défendant le «droit d'amendement».

La semaine suivante, le débat explosif tourne à la crise politique. Dans un mouvement de protestation sans précédent depuis des décennies, plusieurs dizaines de députés PS se rassemblent peu après 23h00 au pied de la tribune en scandant «démocratie, démocratie» et en chantant la Marseillaise.

Dès le lendemain, un clip vidéo, monté durant la nuit par le député PS François Brottes, est projeté aux journalistes et mis en ligne.

«On a fait un montage qui resserre le scénario de la soirée, qui explique comment la tension monte, pourquoi l'heure est grave et comment on en arrive a chanter la Marseillaise», raconte à l'AFP M. Brottes, dont la vidéo a été visionnée près de 115.000 fois sur Dailymotion. Le député PS y voit «une pédagogie de l'action politique».

Au groupe PS, dont le nouveau site internet, plus axé sur la vidéo, devrait être disponible avant fin mars, on reconnaît «une certaine émulation avec le groupe UMP, qui n'est pas manchot dans le domaine».

«Ça ne doit pas non plus effacer les outils traditionnels. Un bon communiqué, c'est toujours efficace», estime-t-on au groupe PS. Jusqu'à quand ?