L'hécatombe se poursuit dans le monde de la finance et l'industrie de l'électronique n'y échappe pas. La plus récente victime de la récession internationale est Pioneer qui a annoncé la semaine dernière qu'il se retirait du marché des téléviseurs, en plus de couper 10 000 postes dans ses services et usines de par le monde.

Si les fabricants voient leurs profits fondre comme neige au soleil, cela ne signifie pas que l'engouement pour les écrans plats et les ventes de téléviseurs soient en déclin. Au contraire, ils augmentent de façon radicale, mais les coûts de fabrication et la baisse des prix attribuable à une concurrence féroce font que la situation est de plus en plus intenable pour la plupart des acteurs.

Par contre, les consommateurs en retirent un certain avantage, puisque les appareils coûtent de moins en moins cher. Le grand public voit le luxe à sa portée, il aime ça et il en a vite pris l'habitude. De sorte que maintenant, quand il voit un prix «normal» - 5000 $ pour un haut de gamme Sony XBR8 fraîchement sorti, par exemple - , il rechigne. S'il y a une hausse de prix, la masse va-t-elle suivre ou va-t-elle se tourner du côté des produits chinois? Si cela se produit, l'industrie de l'électronique occidentale en général risque de basculer dans le gouffre.

Sursis pour la «basse» définition

Il ne serait pas étonnant, par ailleurs, de voir une catégorie d'écrans pourtant logiquement condamnée à disparaître, les dalles 720p (ou 1080i), reprendre du poil de la bête. Ceci tout simplement parce que ces dalles sont moins onéreuses à produire et qu'elles se vendent sensiblement moins cher. Il faut aussi prendre conscience que l'inventaire dans les entrepôts américains est encore élevé et qu'il n'est pas interdit de croire qu'une partie de ces appareils se retrouvent au nord de la frontière.

Rappelons que la différence de résolution entre le 1080i et le 1080p n'est pas tellement grande avec les sources dites «inférieures» (DVD, signal HD par câble ou par satellite). La télévision en haute définition telle qu'on la connaît présentement est à son meilleur sur un écran 1080i, puisque l'appareil fonctionne alors dans son format naturel et n'a pas à modifier le signal. Un téléviseur «Full HD» (1080p) ne donne le signal haute définition de 1920x1080 qu'avec une seule source, le disque haute définition sur format Blu-ray.

Or, l'avenir du lecteur Blu-ray n'est pas totalement assuré. Le format peine à s'imposer, même si le prix de vente des lecteurs a considérablement diminué. L'industrie de la vidéo et du cinéma et les distributeurs de disques ne contribuent guère à faciliter les choses puisque le prix des disques Blu-ray (BRD) se maintient dans les 25 $ à 40 $, tandis que les DVD sont souvent sous la barre des 20 $. Quand on sait que les nouveaux lecteurs peuvent rehausser le signal d'un DVD de façon notable, on comprend que les gens soient encore très réticents à passer au nouveau format.

Une surprise... prévisible

La nouvelle du retrait définitif de Pioneer du marché des téléviseurs plats, qui devrait être complété en 2010, a surpris la plupart des acteurs du monde de l'électronique grand public, même si plusieurs voyaient depuis un bon moment se former la vague qui engloutit le fabricant nippon.

On ne peut douter de la suprématie de la qualité des dalles plasma de la série Elite de Pioneer, baptisées Kuro (mot japonais pour noir), mais il reste que ces bijoux coûtaient une fortune à produire. Déjà, l'an dernier, Pioneer avait cessé de fabriquer les dalles, se tournant vers Panasonic pour l'approvisionner. Restructuration qui n'aura pas été suffisante pour sauver le produit.

Pioneer a été le premier au monde à commercialiser un écran de télévision plasma en 1997 et avait pendant un temps trouvé un créneau porteur avec les modèles haut de gamme.

«Le marché change plus rapidement que nous ne l'avions prévu», s'est désolé le pdg Susumu Kotani devant la presse.

L'agence Reuters rapportait que d'autres acteurs de second plan de ce marché pourraient également être contraints de jeter l'éponge. Si la tendance se maintient, il est prévisible que parmi ceux qui rencontrent des difficultés pour s'imposer, Hitachi, JVC et Kenwood abandonnent eux aussi la fabrication de téléviseurs à écran plasma, de sorte qu'il ne restera sans doute plus que trois joueurs majeurs dans l'industrie des téléviseurs plasma : Panasonic, Samsung et LG. Ce n'est pas la défaite de la technologie plasma contre l'ACL, puisque les fabricants de cette autre sorte de panneaux, Sony en tête, sont également plongés dans le tourbillon financier.

Pioneer détenait une part de marché de 5,9 % des écrans plasma sur la période janvier- septembre 2008, loin derrière Panasonic qui en détient 37,2 %, Samsung Electronics, 22,8 % et LG Electronics, 15,5 %, selon la société d'études DisplaySearch.

Pioneer prévoit désormais se concentrer sur l'électronique pour la voiture, essentiellement dans les équipements audio et les systèmes de radionavigation.

La section des appareils audio ne semble pas menacée.

Le fabricant a également annoncé être en discussion avec Sharp concernant la création d'une coentreprise pour la fabrication de lecteurs DVD et Blu-ray. Le fabricant affirme qu'il respectera les garanties et qu'il conservera les pièces de rechange pour un certain temps.