Chaque année à Barcelone, l'industrie de la téléphonie mobile se réunit au Mobile World Congress pour y dévoiler ses plus grandes nouveautés. Cette année ne fait pas exception, même si cette fois, les appareils sont relégués au second rang. Ce sont plutôt les services mobiles de ventes d'applications qui volent la vedette.

D'abord, Microsoft et Nokia ont tour à tour annoncé le déploiement de leur boutique virtuelle respective. On y trouvera, à prix variable, des applications et du contenu multimédia conçus exprès pour les appareils utilisant leurs plateformes, soit Windows Mobile d'une part, et Symbian de l'autre. Nokia compte lancer son Ovi Store en Europe et en Asie dès le mois de mai prochain, avec son nouveau N97, tandis que selon les rumeurs, la boutique Marketplace de Microsoft, présentement en rodage, devrait être mise en service cet automne.

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Un potentiel illimité

En plus d'applications développées à l'interne, les deux nouvelles boutiques offriront du contenu produit par des développeurs indépendants, à la manière de l'App Store, qu'Apple utilise pour son iPhone depuis presque un an déjà, et du système Android, de Google.

Ce ne sont pas les seuls à plonger de la sorte dans la mobilité: Research in Motion (RIM) et Palm vont eux aussi lancer de tels services sous peu. L'explication tient en peu de mots: grâce à Apple, on sait que le modèle est profitable, et surtout, on ne sait toujours pas à quel point il peut encore l'être davantage. «The sky is the limit», résume Carmi Levy, analyste indépendant des télécommunications et de la mobilité informatique.

Du groupe, Microsoft semble avoir une longueur d'avance, grâce à un catalogue de plus de 20 000 applications exclusives aux nombreux modèles de téléphones intelligents animés par Windows Mobile qu'il faudra désormais appeler des «téléphones Windows» tout court, selon la volonté de Microsoft.

«Nous nous attendons à ce que bientôt, les téléphones intelligents comptent pour la moitié du marché total de la téléphonie mobile», a expliqué Steve Ballmer, PDG de Microsoft, lors de son passage à Barcelone, lundi. «Une solution comme Marketplace permettra à leurs utilisateurs ainsi qu'aux développeurs d'applications de se connecter directement à cet écosystème.»

Un impact jusqu'au Canada

Voilà sans doute le terme à retenir de la conférence de M. Ballmer: écosystème. Car si chaque grande famille d'appareils intelligents possède sa boutique virtuelle, chacune sera exclusive. Un casse-tête pour les développeurs qui voudront vendre leurs produits sur plus d'une plateforme.

«C'est aussi une bonne nouvelle, car ça leur évite de placer tous leurs oeufs dans le même panier, nuance Carmi Levy. En misant sur une seule plateforme, on a vu des développeurs se casser les dents au cours de la dernière décennie. Les développeurs insatisfaits des conditions d'une plateforme comme celle de l'iPhone, par exemple, auront des solutions de rechange.»

Selon l'analyste torontois, les consommateurs canadiens de services mobiles bénéficieront directement de cette nouvelle forme de mobilité informatique, puisqu'elle forcera les exploitants de réseaux sans fil à réduire les coûts d'utilisation de leurs réseaux.

«Aujourd'hui, les gens n'achètent plus de smartphones à 500$, avec forfait mensuel à 100$, comme ils le faisaient il y a un an ou deux», dit-il. «Jumelé à cela, l'arrivée d'ici un an ou deux de services mondiaux comme l'Ovi Store, de Nokia, forcera les opérateurs canadiens à rapidement revoir leur modèle d'affaires.»

M. Levy est d'accord avec Steve Balllmer: cette transformation est grandement attribuable à l'avènement des téléphones intelligents. Mais plus que les appareils en soi, ce sont les applications qui les animent qui mènent le bal. De Barcelone au Canada.