Contrairement à Barack Obama, le premier ministre canadien, Stephen Harper, n'a pas d'appareil BlackBerry. Idem pour le maire de Montréal, Gérald Tremblay. À Québec, Jean Charest en possède un mais ne l'apporte pas dans tous ses déplacements.

Voilà le résultat d'une petite recension menée par La Presse au cours des derniers jours auprès des principaux chefs politiques.

 

Évidemment, notre intérêt a été alimenté par la récente lutte du nouveau président américain pour conserver son terminal mobile malgré les très fortes réticences des services secrets américains, qui craignent le piratage des échanges de courriels et des appels téléphoniques présidentiels.

Au Canada, le problème ne se pose pas avec l'actuel chef du gouvernement. «Le premier ministre ne possède pas et n'a jamais possédé de BlackBerry», dit son attaché de presse, Dimitri Soudas.

Par contre, M. Harper a un téléphone cellulaire. Il s'en servirait de façon sporadique, foi de M. Soudas. «Il l'utilise pour téléphoner aux membres de sa famille, expose-t-il. Lorsqu'il n'est pas à Ottawa et ne peut pas assister à une partie de hockey de son fils, il l'appelle tout de suite après le match.»

M. Harper n'a pas suivi les traces de son prédécesseur, Paul Martin, qui utilisait un de ces appareils fabriqués par la compagnie canadienne Research in Motion.

À Québec, le premier ministre Jean Charest possède un BlackBerry depuis deux ou trois ans, affirme son attaché de presse, Hugo D'Amours. «Mais il ne le traîne pas continuellement avec lui», poursuit ce dernier.

M. D'Amours rappelle que, pour un premier ministre à l'horaire très chargé, la denrée la plus rare - et la plus précieuse - est le temps. En conséquence, les interventions de M. Charest avec l'extérieur sont parcimonieuses et le nombre de correspondants limité.

À l'hôtel de ville de Montréal, le maire Gérald Tremblay voyage léger. Pas de BlackBerry et pas de téléphone cellulaire non plus, indique son attachée de presse, Renée Sauriol. Elle assure que le maire est à l'aise avec ces technologies mais ne ressent aucun besoin de posséder une telle quincaillerie.

«Il y a déjà pas mal de gens autour du maire Tremblay qui possèdent téléphones et BlackBerry. Lorsque c'est nécessaire, il y a toujours une façon de le joindre», dit-elle.

Cet argumentaire, les proches de MM. Harper et Charest nous l'ont servi aussi. Les chefs de gouvernement ont une bonne et nombreuse garde rapprochée qui possède tous les outils de communication nécessaires afin de garder contact avec l'extérieur.

Dimitri Soudas a quant à lui pas moins de trois appareils BlackBerry. «On ne veut rien manquer de ce que les médias écrivent sur nous», lance-t-il avec humour.

Au sein des différents partis de l'opposition, les chefs Michael Ignatieff, Jack Layton, Mario Dumont et Pauline Marois possèdent des BlackBerry, nous ont dit leurs collaborateurs. «Lorsqu'il est devenu chef du NPD en 2003, M. Layton est arrivé avec son appareil, ce qui nous a forcés à nous rattraper», dit son attaché de presse, Karl Bélanger. Gilles Duceppe n'a quant à lui qu'un téléphone cellulaire.

Rappelons que, deux jours après sa prestation de serment, le président Obama a fièrement annoncé qu'il conserverait son terminal mobile, une façon pour lui de demeurer en contact avec le monde extérieur. Par contre, la liste de personnes avec qui il pourra communiquer est extrêmement restreinte.

Outre la question du piratage, les services secrets craignaient que l'on puisse le localiser par triangulation. Enfin, l'usage du courriel pour le président pose la question de l'accès à l'information. Car depuis le Watergate, les présidents et vice-présidents américains doivent conserver trace de toutes leurs communications, qui sont ouvertes au public cinq ans après la fin de leur mandat.