Le charisme du nouveau président américain ne connaît pas de frontière: l'industrie canadienne de la haute technologie succombe elle aussi à l'obamanie et recommande au gouvernement fédéral de suivre la voie tracée par Barack Obama, afin de relancer l'économie nationale.

Son conseil: investir jusqu'à 60 milliards de dollars, une somme proportionnelle à l'investissement américain prévu d'environ 750 milliards US, afin de rendre l'économie canadienne plus concurrentielle, grâce à de nouvelles technologies.«Quand Obama parle de stimuler l'économie américaine, il dit généralement qu'elle a un rattrapage technologique à effectuer si elle veut devenir plus concurrentielle mondialement», soutient John Reid, président de la Canadian Advanced Technologie Alliance (CATA), qui possède des bureaux à Ottawa et Montréal et qui représente des entreprises comme RIM et Ericsson, notamment. «Pour nous, le Canada et les États-Unis sont comme un immense marché. Il n'y a jamais eu de meilleur moment qu'aujourd'hui pour être en accord avec la politique américaine. »

M. Reid rappelle que ça fait des années que la CATA suggère au gouvernement de mettre en place des politiques afin d'améliorer la compétitivité des entreprises canadiennes face à leurs concurrentes étrangères. «Quand on avait l'argent pour investir, on aurait pu trouver les bons filons qui, par exemple, auraient permis à Nortel de mieux se restructurer" et éviter d'avoir à se protéger de ses créanciers. «Les programmes d'aide actuels sont-ils aussi stimulants que promis? se demande-t-il. Ils semblent plutôt déconnectés des objectifs.»

À l'opposé, constate l'Alliance, le nouveau président américain semble vouloir suivre de près l'évolution des technologies, comme en fait foi la création du nouveau superposte administratif de directeur national de la technologie (Chief Technology Officer). Ce dernier aurait comme mandat d'effectuer une importante mise à niveau technologique de toutes les agences de la fonction publique.

Québec à l'affût

En dépit d'une confiance qui semblait inébranlable il y a deux mois à peine, des entreprises de la grande région métropolitaine souffrent du brusque ralentissement économique et commencent à effectuer des licenciements. Celles qui font affaire aux États-Unis sont particulièrement touchées par les compressions que ces dernières annoncent en ce moment. Cette promesse du président Obama n'est donc pas sans les laisser de marbre.

C'est un peu grâce à ça si le directeur général de TechnoMontréal, Martin Duchaîne, garde le moral. «C'est sûr qu'il y a des entreprises qui perdent de gros clients en ce moment. Mais il y a aussi des occasions d'affaires à l'horizon. Par exemple, il pourrait y avoir des occasions d'affaires dans la fonction publique aux États-Unis», dit-il, ajoutant que ça pourrait créer un effet boule de neige au sein du secteur privé. «De grandes entreprises américaines devront aussi couper. Celles qui n'auront pas les moyens d'investir dans des services en TI (technologies de l'information) des plus grandes marques vont peut-être regarder de notre côté. »

À Québec, le gouvernement entend lui aussi réagir. Selon une porte-parole du ministère du Développement économique, de l'Innovation et de l'Exportation, le ministre Raymond Bachand serait en train de procéder à des consultations auprès des associations et des entreprises technologiques un peu partout dans la province, afin de développer une nouvelle «stratégie de développement» pour cette industrie.

Le Ministère refuse d'en dire davantage, mais selon une source près du dossier, la stratégie viserait à aider les entreprises les plus touchées par le ralentissement à traverser la crise. Toujours selon cette source, il ne serait pas impossible que ces mesures soient incluses dans le prochain budget du gouvernement, au printemps prochain.

Autrement dit, s'il n'y a pas de plan d'aide de la part du Canada, il n'est pas dit que les technos d'ici ne profiteront pas, indirectement, d'un autre plan d'aide -celui promis par le nouveau président des États-Unis, par exemple.