Déjà en proie à une grave récession, l'Irlande a subi un nouveau coup dur jeudi, le deuxième fabricant mondial d'ordinateurs et premier exportateur du pays, Dell, ayant décidé de délocaliser en Pologne sa production locale, supprimant 1900 emplois dans l'île.

«Dell va transférer toute la production d'ordinateurs pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient de Limerick dans l'usine polonaise» du groupe, située à Lodz, au centre de la Pologne, et chez des sous-traitants, un processus qui devrait être bouclé d'ici un an, a annoncé Dell dans un communiqué.

Le groupe américain avait ouvert l'usine en 1990, et elle constituait un des joyaux du tissu industriel du «Tigre Celtique». Elle avait employé jusqu'à 4500 personnes au plus haut, un chiffre qui était depuis descendu à 1900.

Le géant américain est le premier exportateur d'Irlande, et l'un des principaux employeurs de l'île, générant environ 5% du Produit intérieur brut du pays.

Le groupe texan n'a pas voulu préciser la part de la production de Limerick qui sera transférée dans l'usine de Lodz, un site pratiquement neuf (il a été inauguré il y a moins d'un an, le 23 janvier 2008) et celle qui partira chez des sous-traitants, dont l'identité n'est pas encore connue.

Il a précisé que certaines activités non liées à la production seront maintenues sur le site de Limerick, et qu'il conserverait ses équipes de vente, de marketing et de service après-vente situées à Dublin.

La décision de Dell est une très mauvaise nouvelle pour l'économie irlandaise, déjà en proie à une grave récession, l'une des plus sévères des pays développés. Selon l'institut dublinois ESRI, le PIB national va se contracter de 3,9% en 2009, après un repli de 2,4% en 2008.

La ministre du commerce et numéro deux du gouvernement, Mary Coughlan, s'est dite «profondément déçue», tout en assurant que l'Irlande restait une terre attractive pour les entreprises étrangères.

Kieran O'Donnell, un parlementaire du Fine Gael, le principal parti d'opposition, s'est quant à lui inquiété du sort des «10.000 à 15.000 emplois» induits par les activités de Dell dans la région de Limerick.

Un autre député de l'opposition, le travailliste Jan O'Sullivan, a qualifié la nouvelle de «catastrophe économique» pour la ville.

La fermeture de l'usine irlandaise s'inscrit dans le cadre d'un plan visant à économiser 3 milliards de dollars par an, annoncé en mars 2008 par le groupe américain, toujours dirigé par son fondateur Michael Dell.

«C'est une décision dure, mais c'était la bonne à prendre pour que Dell soit encore plus compétitif et en fasse plus pour ses clients», a justifié Sean Corkery, vice-président du groupe pour la zone Europe-Afrique-Moyen-Orient.

Longtemps numéro un mondial du marché des ordinateurs, Dell s'est en effet vu ravir en 2007 sa couronne par son compatriote HP, et, comme ses concurrents, ses perspectives de chiffre d'affaires et de profits sont assombries par le ralentissement économique mondial.

Il souffre en particulier de sa forte présence sur le marché des entreprises, dont il avait fait son point fort, alors que celles-ci, de par le monde, cherchent désormais à réduire leurs dépenses et multiplient les licenciements, ce qui risque de se traduire par une baisse de leurs commandes de PC.