Ateliers d'initiation, grand-messe mondiale, combat pour la vente découplée de l'ordinateur et du système d'exploitation: les partisans du logiciel libre se démènent pour convertir le grand public à des applications encore peu connues face à l'omniprésence de Windows.

Le week-end dernier, 4000 visiteurs se sont ainsi pressés à l'«Ubuntu Party», du nom d'une des distributions les plus connues du système d'exploitation libre d'accès Linux, organisée tous les six mois à la Cité des sciences de la Villette à Paris.

C'est un chiffre «record», se félicite Olivier Fraysse, un des coordinateurs de l'événement et développeur web de profession.

Les «install party», ces fêtes où des experts expliquent comment installer des logiciels libres sur leur ordinateur, se multiplient en France.

Au-delà des conférences et tables-rondes, les ateliers d'initiation suscitent un réel engouement: «une centaine de personnes sont venues avec leur PC portable, voire avec leur ordinateur complet», raconte Olivier.

Dans le public, «beaucoup de jeunes, mais aussi des personnes âgées qui parfois découvrent l'informatique» par ce biais. «Beaucoup retiennent que Linux, c'est un Windows gratuit», résume-t-il.

Mais plus que l'argument du prix, pour lui c'est surtout la possibilité de modifier ces logiciels, qui donnent accès à leur code source, et le désir d'«indépendance» qui prévaut, à la différence des logiciels sous licence, tels que Windows de Microsoft, présent dans près de 90% des PC.

L'idée de ces événements, dont le programme est disponible sur www.agendadulibre.org, est de guider les novices qui ont souvent peur de franchir le pas.

«Les logiciels libres se démocratisent très fortement, mais la vente liée (d'ordinateurs et de logiciels pré-installés) reste le frein principal pour le grand public», estime Frédéric Couchet, délégué général de l'Association pour la promotion et la recherche en informatique libre (April), en marge du «Forum mondial du libre».

La première édition de cette conférence se tenait lundi et mardi à Paris, en présence de 160 intervenants de plus de 20 pays.

A cette occasion, le secrétaire d'Etat au Développement de l'économie numérique Eric Besson a rappelé sa «volonté de garantir la transparence vis-à-vis du consommateur en matière de logiciel».

«Lors de l'acquisition d'un ordinateur, la part relative du matériel et du logiciel devrait pouvoir être affichée dans le prix d'achat», a-t-il souligné. Une mesure qui vise à faciliter la procédure de remboursement face à la recrudescence des procès contre les fabricants ou distributeurs de PC.

«A terme, je souhaite expérimenter la vente découplée», a déclaré M. Besson, ajoutant qu'un groupe de travail serait «constitué à cet effet, avant la fin de l'année 2009».

Ces annonces ne vont pas assez loin, a déploré Edouard Barreiro, chargé de mission sur les nouvelles technologies à l'UFC-Que Choisir, interrogé par l'AFP. «Un groupe de travail, ce n'est pas quelque chose de très volontariste, le gouvernement a de bonnes intentions, mais on les voit mal se concrétiser», a-t-il estimé.

Les logiciels libres souffrent, selon lui, d'une image «low-cost, entrée de gamme», alors qu'ils sont pour la plupart «parfaitement substituables à Vista, avec une ergonomie beaucoup plus agréable».

Pour remédier à cette méconnaissance, «l'éducation» joue un rôle crucial, assure M. Couchet: «le fait qu'on apprenne l'informatique à l'école sur Windows rend ensuite les gens captifs, il faut laisser le choix à l'élève, futur consommateur».