Les firmes canadiennes actives en Inde ne remettent pas en question leur présence dans cette partie du monde, mais les attentats qui ont fait plus de 120 morts à Bombay mercredi amènent la sécurité au premier plan.

Chez l'impartiteur en informatique CGI, de Montréal, on ne regrette pas d'avoir 2100 employés en Inde, dont 600 à Bombay.

Mais on dit du même souffle qu'on est heureux de ne pas avoir imité certains concurrents qui ont déménagé là-bas des pans entiers de leurs activités et des dizaines de milliers de postes.

 

«On a toujours dit à nos clients et actionnaires qu'on ne parie pas l'avenir de l'entreprise sur l'Inde ni sur un seul pays», a dit hier Lorne Gorber, vice-président aux communications avec les actionnaires.

D'autres centres à la rescousse

Outre ses deux centres d'Inde, CGI a des installations du même genre, notamment au Canada, aux États-Unis et en Espagne.

«Tout est fermé (hier) à Bombay et nous sommes contents d'avoir 10 autres centres de traitement des données ailleurs dans le monde. Nous avons toujours pensé que c'est sage d'avoir des alternatives et de pouvoir déplacer du travail d'un endroit à l'autre si nécessaire.»

«Nous sommes une firme informatique, alors la sécurité de la technologie est déjà très haute, a dit M. Gorber. C'est sûr qu'on va réexaminer la sécurité de nos employés.»

La majorité (1500) de ses employés travaillent à Bangalore, dans une zone qui est souvent qualifiée de «Silicon Valley indienne». Les 600 autres employés de CGI à Bombay font du travail en sous-traitance pour de nombreuses institutions financières américaines et européennes.

«Nous avons acheté une firme indienne, IMR Global, en 2001, et la totalité des dirigeants et employés sont indiens. Nous n'avons aucun employé canadien ou occidental là-bas», a dit M. Gorber.

Plans d'urgence

CGI a des plans d'urgence, qu'elle a mis en oeuvre dès qu'elle a été au courant des attentats: «D'abord, la direction locale a fait des appels pour s'assurer que tous nos employés étaient sains et saufs, que ce soit au travail ou chez eux. Ensuite, d'ici, on a contacté nos agences de voyages pour s'assurer qu'aucun de nos employés ou clients ne se serait pas trouvé, par malchance, en transit à Bombay et logé dans un des deux hôtels (le Taj Mahal et le Oberoi Trident) qui ont été visés par les attentats.»

Chez CAE, qui emploie 300 personnes en Inde, mais aucun à Bombay, on note que les activités du groupe la placent relativement loin des attentats d'hier. «En tout, nous n'avons même pas 10 employés canadiens en Inde», a dit Nathalie Bourque, vice-présidente aux communications mondiales de CAE. «La majorité de nos employés indiens sont à Bangalore, pour ce qui est des ingénieurs. Dans deux petites villes, nous avons aussi des écoles de pilotage qui forment de jeunes pilotes indiens pour des lignes aériennes indiennes.»

Plusieurs dirigeants de CAE ont assuré une liaison avec la vice-présidente Suzanne Roy, qui est à Bangalore -»un réflexe autant amical que d'affaires»- a noté Mme Bourque. «Et bien sûr, l'instruction a été donnée aux employés locaux qui auraient eu affaire à Bombay dans les prochains jours de reporter ces déplacements.»

Mme Bourque ne pense pas que les événements de mercredi rendront plus difficile la tâche de trouver des employés canadiens prêts à se rendre là-bas. «Il y a certains types de personnes qui aiment l'idée d'aller travailler à l'international durant certaines années de leur vie», dit-elle.

Les attentats de mercredi visaient clairement des endroits fréquentés par des non-Indiens, contrairement à la majorité des actes terroristes qui ont secoué l'Inde depuis des années. Toutes les firmes contactées hier ont dit qu'il est trop tôt pour déterminer si les firmes étrangères sont désormais ciblées plus particulièrement.

À ce sujet, personne ne s'est réjoui hier que les terroristes aient choisi parmi leurs victimes les détenteurs de passeports américains et britanniques. Mais aussi bien M. Gorber, de CGI, que Mme Bourque, de CAE, ont dit trouver du réconfort dans l'apparence «que le Canada soit encore bien respecté dans le monde», comme l'a dit M. Gorber, de CGI. Malgré l'engagement du Canada en Afghanistan, «le passeport canadien véhicule encore une neutralité qui est appréciée dans le monde», a dit Mme Bourque.