Les médias américains sont contraints de se mettre à la page pour s'adapter à l'arrivée d'une administration adepte des nouvelles technologies et équipée de puissants outils de communication, lorsque le président élu Barack Obama prendra ses fonctions à la Maison-Blanche.

Signe d'une révolution en cours dans le paysage médiatique, c'est un site internet --et non une agence de presse, un magazine ou un quotidien-- qui disposera pour la première fois de la plus importante équipe pour couvrir l'actualité de la Maison-Blanche.

Politico.com, un site américain consacré à l'infomation politique dont la popularité est montée en flèche depuis sa création il y a un peu moins de deux ans, a annoncé qu'il prévoyait d'assigner six reporters à plein temps pour suivre l'administration Obama, qui entre en fonctions le 20 janvier.

«C'est un moment important et nous prévoyons de détacher les meilleurs journalistes du pays pour l'histoire la plus importante : comment le nouveau Congrès et le président gouvernent en cette période historique», a déclaré l'éditeur du site Robert Allbritton, en évoquant ces projets en septembre.

Mais Politico, lancé par d'anciens journalistes du Washington Post et de Time magazine n'est pas le seul organe médiatique à se préparer à l'arrivée de l'administration Obama, ni le seul à se tourner vers internet.

Le Washington Post prévoit de doubler le nombre de ses journalistes à la Maison-Blanche, de deux à quatre, dont le premier blogueur à plein temps du journal, et le Washington Times prévoit d'avoir trois journalistes à la Maison-Blanche, contre un actuellement.

La radio publique américaine NPR développe également son site internet et remodèle son équipe à la Maison-Blanche.

Mais les médias s'attendent aussi à des changements majeurs du côté de la Maison-Blanche elle-même, et notamment de son service de presse.

Les équipes de Barack Obama étaient peu loquaces durant la campagne, et les médias craignent que les fuites et l'accès aux sources --ce qui fait leur beurre-- ne soient limités.

L'autre inquiétude concerne la possibilité que l'administration n'élude totalement la presse traditionnelle pour s'adresser directement aux Américains ou en favorisant les nouveaux venus comme Politico ou le journal en ligne Huffington Post.

«Tout comme Kennedy a apporté la présidence télévisée, je pense que nous sommes sur le point de voir (la première présidence) internet, câblée, ou connectée», a affirmé Joe Trippi, consultant politique derrière la stratégie pionnière très remarquée d'Howard Dean, candidat à l'investiture du parti démocrate pour la présidentielle de 2004.

«Il s'agit d'établir un lien inédit entre le président et la population», a dit M. Trippi lors d'un récent sommet consacré au Web 2.0 à San Francisco.

Indicateur de la métamorphose en cours, Barack Obama a diffusé pour la première fois samedi son allocution hebdomadaire sur YouTube, sous forme vidéo et plus seulement radiophonique.

«Aucun président élu ou président en exercice n'a jusqu'à présent transformé l'allocution radio hebdomadaire en une opportunité multimédia», a souligné un de ses porte-paroles Nick Shapiro, ajoutant qu'il s'agissait «de l'un des nombreux moyens par lesquels le président élu Obama communiquera avec les Américains et rendra la Maison-Blanche et le processus politique plus transparents».

Pour Stephen Hess, membre émérite de l'institution Brookings ayant conseillé les présidents Gerald Ford et Jimmy Carter, «l'une des habitudes des présidents est de s'adapter aux technologies qui sont à leur portée. Après l'usage de la radio par Franklin Roosevelt, ou celui de la télévision par John Kennedy, dit-il, «maintenant, c'est au tour d'internet».