Une filiale new-yorkaise d'une compagnie italienne est en train de bouleverser les règles du jeu sur les routes. Elsag vend aux forces policières du continent un système qui permet d'automatiser la lecture de plaques, permettant de pincer chaque véhicule à l'immatriculation suspecte.

Le «chasseur de plaques» d'Elsag prend plus de 1500 images à la minute et les compare aux bases de données policières, pour détecter immanquablement les voitures volées, irrégulières ou impliquées dans un crime.

«Le taux d'erreur ne dépasse pas 2 %, et avec une vérification humaine il est d'un dixième d'un pour cent», affirme Mark Windover, pdg d'Elsag en Amérique du Nord. «Le système voit mieux que l'oeil humain grâce à l'infrarouge, et il est beaucoup, beaucoup plus rapide.»

Depuis trois ans, Elsag a réussi à intéresser 300 corps de police à sa technologie, quoiqu'aucun n'ait complètement terminé les tests. La police d'État de New York est parmi les corps plus avancés. Une filiale canadienne est aussi à l'oeuvre, mais n'a pas terminé les discussions avec aucun corps du pays.

Au Québec, un projet pilote de reconnaissance automatique des plaques d'immatriculation a permis à la Sûreté du Québec de donner 1600 constats pour frais d'immatriculation non payés, et de saisir 200 véhicules dont le conducteur avait un permis de conduire révoqué, seulement dans le mois d'août dernier.

La technologie est née en Italie. «La police italienne est confrontée à de grands problèmes, la mafia, le terrorisme, l'immigration illégale», explique M. Windover en entrevue téléphonique. «Elle a demandé l'aide de la communauté technologique. Un ingénieur de notre maison mère, une filiale du fabricant d'hélicoptères Finmeccanica, a découvert que la technologie permettant de lire l'adresse sur des lettres circulant à 150 km/h dans les centres de tri postaux pouvait facilement être appliquée à la lecture de plaques. Les carabiniers se servent de notre système depuis 10 ans.»

La technologie nécessite des règles d'application très strictes pour éviter que les policiers arrêtent sans motif un nombre trop grand d'automobilistes.

«Il faut avoir des procédures très claires, dit M. Windover. Avant d'arrêter une voiture, deux images de la plaque doivent être revues par des humains. La première chose que le policier doit faire, c'est de vérifier l'identité de la personne qui conduit.»

Les caméras, tout comme l'oeil humain, ne peuvent pas lire des plaques très sales. Elles sont particulièrement efficaces la nuit, à cause de l'infrarouge. «La plupart des crimes ont lieu la nuit, alors ça tombe bien, dit M. Windover. Et plus des deux tiers des crimes sont liés à des voitures. Ce ne sont pas toujours des voitures suspectes, mais c'est déjà un grand pas.»

Depuis ses débuts, le système a pris de la vitesse. «Un processeur est installé dans la caméra, pour limiter la quantité de données qui doivent être transmises par câble à l'ordinateur de la voiture de police. Nous sommes maintenant à 1500 images par minute, contre 900 voilà quelques années.»

D'autres concurrents ont des produits similaires, qui sont notamment utilisés dans les péages et pour reconnaître qui entre et sort des propriétés où la sécurité est importante. «Mais nous sommes les seuls qui ont mis l'accent d'abord et avant tout sur les besoins des forces de l'ordre», précise M. Windover.