Malgré le rebondissement des derniers jours, la crise boursière aura des répercussions sur les entreprises qui vivent du capital-risque.

Les investisseurs ont commencé à avertir leurs clients qu'il faudra accélérer leur rentabilité, faute de pouvoir trouver le financement nécessaire pour les aider plus longtemps. Un dur retour à la réalité pour les nouvelles technologies.

 

Ce ne sera pas aussi grave que l'éclatement de la bulle techno, estime toutefois John Stokes, partenaire de Montreal Startup, un fonds spécialisé dans l'aide au démarrage d'entreprises technologiques. «L'impact sur les entrepreneurs sera moins significatif cette fois-ci», estime-t-il. M. Stokes a passé les dernières semaines en Europe, et dans l'Ouest canadien, où il a côtoyé plusieurs de ses confrères investisseurs, dans le cadre de conférences sur le démarrage d'entreprises.

Son constat: la culbute boursière n'est pas aussi grave que d'autres enjeux entourant le capital-risque au Canada.

«Le plus gros enjeu est un manque de capital-risque pour aider au prédémarrage, dit-il. Ce problème existait bien avant. Par comparaison, l'impact du resserrement du crédit est une menace bien timide: les entreprises qui fournissent des services vitaux, ou un moyen de réduire les dépenses d'autres entreprises vont s'en sortir.»

La crise pourrait mettre en relief un problème qui existe déjà depuis quelques années, estime l'investisseur montréalais.

Autrement dit, une crise peut en cacher une autre encore plus grave. «Vous ne pouvez pas savoir quand la prochaine ronde de financement viendra, alors prenez soin de bien utiliser chaque dollar que vous possédez déjà.»

Dégraissage en vue

Du côté de la Silicon Valley, on ressent très durement la détérioration de l'économie. Le groupe d'investissement Sequoia Capital, qui a investi dans presque tout ce qui se fait de bon dans les nouveaux médias, d'Apple à Yahoo! en passant par Google, se fait très pessimiste pour l'avenir des technos.

Dans une présentation publiée la semaine dernière, ses dirigeants invitent les startups à se préparer pour une récession économique qui pourrait ne pas se résorber avant plusieurs années.

«En se fiant aux tendances historiques, ce cycle pourrait durer au moins 15 ans», aurait déclaré Eric Upin, un des directeurs du fonds.

Pour s'y préparer, le fonds d'investissement suggère de penser à faire des coupes tout de suite un peu partout: tant dans les emplois que dans la mise en marché, ou dans le développement de nouvelles générations de produits ou de services déjà existants.

Avec une baisse prévue du nombre de fusions et d'acquisitions en Amérique du Nord, il est aussi proposé de revoir les modèles d'affaires qui ne visent pas une rentabilité rapide.

«C'est une question de survie», a dit Mike Mortiz, partenaire principal de Sequoia Capital, à l'occasion de cette présentation.

«Il faut se mettre ça en tête.» Pas de doute, il y a un vent de panique dans la Silicon Valley.

Ça ne fait pas flancher Montreal Startup pour autant.

«Ce n'est pas la même chose pour nous. En raison de son historique et de sa crédibilité, Sequoia Capital voit les choses autrement, explique John Stokes. Nous possédons les fonds requis pour investir, ça ne nous affecte donc pas, ni les entreprises dans lesquelles nous investissons.»

Le fonds montréalais compte d'ailleurs annoncer très bientôt de nouvelles ententes qui devraient consolider son rôle dans l'industrie des nouvelles technologies.

Cela dit, il faut rester prudent, convient le partenaire de Montreal Startup, car le capital de démarrage est une denrée rare et difficile à obtenir.

La crise des dernières semaines en est un rappel brutal.

«Les entrepreneurs sont désormais plus conscients que ça prend un bon modèle d'affaires pour connaître du succès», conclut John Stokes.