La «Grille», le réseau dédié au traitement des données recueillies lors des expériences sur l'accélérateur de particules du Cern, est fin prête mais ne servira pas avant plusieurs mois, en raison de la panne du LHC, a annoncé vendredi l'Organisation européenne de recherche nucléaire.

Le réseau mis en place par le Cern est titanesque, à la mesure du LHC, le plus grand instrument de recherche scientifique du monde avec ses 27 km de tunnel enfoui à 100 mètres sous terre dans la banlieue de Genève.

Il combine les ressources informatiques de plus de 140 centres de calcul dans 33 pays pour analyser et gérer plus de 15 millions de gigaoctets de données qui seront générées chaque année par les expériences menées avec l'accélérateur.

Cette puissance de calcul «est une nécessité absolue. C'est le résultat d'une révolution silencieuse dans le domaine de l'informatique au cours des cinq dernières années», explique M. Jos Engelen, responsable scientifique du projet LHC.

En effet, avec 40 millions de collisions par seconde, les données générées par l'accélérateur «représentent un véritable défi informatique par le débit et le volume à traiter», relève Gaëlle Shifrin, porte-parole du Centre de calcul de l'Institut national de physique nucléaire et de physique des particules de Lyon (est de la France), l'un des onze centres de premier niveau de la «Grille» au niveau mondial.

Il s'agit d'étudier «l'équivalent de plus de mille fois la quantité d'informations contenue dans tous les livres imprimés sur la planète», explique la porte-parole.

Le LHC, dont la construction a pris plus de douze ans pour un montant de 3,76 milliards d'euros, doit faire se percuter des protons pour notamment recréer, durant une fraction de microseconde, les conditions qui prévalaient dans l'univers juste après le Big Bang.

La «Grille» est d'ores et déjà opérationnelle, alors que l'accélérateur de particules géant est paralysé jusqu'à la fin du premier trimestre 2009 en raison d'une panne.

En matière de réseau informatique, le Cern n'en est pas à son coup d'essai puisque c'est l'un de ses informaticiens, Tim Berners, qui a créé en 1989 le premier internet, le World Wide Web, initialement conçu pour permettre l'échange d'informations entre scientifiques dans le monde entier.