Le DVD est loin d'être moribond, malgré l'arrivée dans le décor d'une technologie nettement supérieure, la vidéo haute définition présentement véhiculée par le format Blu-ray et les disques BRD. Les raisons de ce vent d'optimisme pour la «vieille» technologie sont multiples, mais s'expliquent principalement par des motifs pécuniaires et de nature technique et physique. Autrement plus compliqué qu'à l'époque où il avait suffi de changer le magnétoscope pour un lecteur DVD.

On s'accorde pour dire que le passage au disque haute définition (HD) risque de coûter un bras à ceux qui en sont encore au téléviseur standard. Car pour profiter de la HD, il faut, outre le lecteur HD, avoir l'écran capable d'afficher la résolution supérieure. Un changement que tous ne sont pas encore prêts à effectuer. Même si les prix baissent sans cesse, un écran ACL ou à plasma suffisamment grand pour avoir une image potable coûte un minimum de 1200 $, jusqu'à 8000 $ pour un 60 pouces.

Il faut également envisager de passer à un récepteur audio-vidéo de la nouvelle génération capable de décoder le signal ambiophonique non compressé sur 7,1 canaux, si on veut obtenir le son digne de la qualité de l'image.

Parlant de dollars, le Blu-ray était le plus onéreux des deux formats et est resté à prix élevé après la victoire. Il faut envisager de débourser environ 500 $ pour le plus petit modèle et jusqu'à 1200 $ pour un haut de gamme. Les films gravés en format Blu-ray (parfois appelé BRD) coûtent eux aussi plus cher que les DVD : de 25 $ à 45 $ selon le cas.

Si l'argent n'est pas un problème, il faut aussi constater une cruelle réalité : un disque Blu-ray (BRD), même s'il semble physiquement identique à un DVD, est beaucoup plus fragile. Parce que dans la même épaisseur on doit graver des couches multiples et que la couche de surface s'en retrouve au moins six fois plus mince. Donc, plus sujette à être rayée. Ce qui annonce des maux de tête pour les clubs vidéo et pour les familles où il y a des enfants susceptibles de manipuler les disques. Le temps de chargement d'un lecteur Blu-ray est très long, et la lecture est sensible, demandant un disque parfait.

Le Blu-ray deviendra sans doute très rapidement le lecteur de prédilection des amateurs de nouvelles technologies et de ceux qui veulent profiter pleinement de leur écran haute définition. Des utilisateurs que les prix ne rebutent pas et qui n'hésitent pas à investir dans des appareils haut de gamme.

Mais il ne faut pas oublier qu'il y a la masse. Cette masse qui dans l'ensemble doit composer avec un budget plus limité et qui est habituée à trouver des lecteurs de DVD de marques connues à 69 $ et des films à 10 $. Les marchands interrogés s'accordent pour dire qu'il va être plus difficile de vendre un appareil à 400 $ et plus. Cette masse qui continue à acheter DVD par-dessus DVD, de sorte que les studios sont loin de voir l'intérêt de laisser tomber le disque argenté. Rappelons qu'il a fallu plusieurs années avant que la cassette VHS ne soit supplantée par le DVD.

Un autre élément allonge l'espérance de vie du DVD : les nouveaux lecteurs (on en trouve même dans les modèles chinois bas de gamme) possèdent la faculté de modifier le signal 480p et de le faire grimper dans une résolution se rapprochant de la haute définition. Ce qu'on appelle en anglais le upscaling ou la up conversion (conversion ascendante).

Selon la qualité de l'appareil, l'opération réalise souvent de véritables petits miracles et si on ne trouve pas la précision d'un disque Blu-ray, il reste que l'image bénéficie d'une amélioration visible qui permet de profiter des capacités des nouveaux téléviseurs.

Cette solution de compromis pourrait même se révéler viable à très long terme et assure la rentabilité des collections de films, tant chez les individus que dans les clubs de location.