En dépit des appels des responsables néerlandais, qui craignent une crise internationale comparable à celle des caricatures danoises de Mahomet, et des menaces contre les Pays-Bas, un député d'extrême-droite a mis jeudi soir sur internet un film amalgamant terrorisme et islam.

En dépit des appels des responsables néerlandais, qui craignent une crise internationale comparable à celle des caricatures danoises de Mahomet, et des menaces contre les Pays-Bas, un député d'extrême-droite a mis jeudi soir sur internet un film amalgamant terrorisme et islam.

Comme il l'annonçait depuis novembre, Geert Wilders, 44 ans, fondateur et chef du Parti de la liberté (PVV, 9 députés sur 150), a rendu accessible un court-métrage d'une quinzaine de minutes destiné à montrer ce qu'il appelle le caractère «fasciste» du Coran, livre dont il a demandé l'interdiction et comparé au «Mein Kampf» d'Hitler.

«Fitna» (en arabe: division et discorde au sein de l'islam) est visible sur le site d'échange de vidéos liveleak.com, basé à Manchester.

Il mélange des images violentes de terrorisme (attentat contre le World Trade Center de New York en 2001...), des exécutions dans des pays musulmans non identifiés, des discours violemment anti-juifs de dirigeants iraniens, ou encore des vues de «l'islamisation des Pays-Bas et de l'Europe» (mosquées, femme en burqa sur fond de paysage champêtre) avec des sourates du Coran justifiant généralement les châtiments exemplaires pour les non-musulmans.

Des pendaisons d'homosexuels ou des mutilations génitales féminines ont pour commentaire: «Les Pays-Bas du futur?»

Il se conclut avec un bruit de page déchiré, précisant qu'il s'agit de celle d'un annuaire téléphonique. «Ce n'est pas à moi, mais aux musulmans eux-mêmes, de déchirer les versets malveillants du Coran», peut-on lire en banc-titre. «Arrêtons l'islamisation. Défendons notre liberté».

Geert Wilders a estimé que le film est «convenable et n'enfreint pas la loi», dans un entretien à l'agence ANP. Il est «à des milliers de kilomètres à l'intérieur du cadre de la loi», a déclaré le député, affirmant s'en «être tenu aux faits».

Le chef de l'extrême-droite néerlandaise estime encore que le film «n'est pas destiné à provoquer le désordre», mais il décline toute responsabilité en cas de violences ou de boycott des Pays-Bas.

Il estime que Fitna démontre les dangers de l'islam, et que «moins d'islam est un choix de liberté».

Dès l'annonce de ce projet, en novembre, des pays musulmans comme l'Iran ou l'Egypte ont exprimé leur indignation, menaçant les Pays-Bas d'un boycott économique et déplorant des «attaques gratuites».

Et fin février les talibans ont brandi des menaces contre les quelque 1660 soldats néerlandais déployés en Afghanistan dans le cadre de la Force internationale d'assistance à la sécurité (Isaf) si ce «film insultant» était diffusé.

De nombreuses associations musulmanes néerlandaises ont déjà appelé les fidèles au calme, les priant de ne répondre à la provocation.

Le gouvernement a tenté à plusieurs reprises, en vain, de convaincre M. Wilders de renoncer à son projet, redoutant une crise comparable à celle qu'a provoqué la publication par la presse danoise de caricatures de Mahomet.

Mais les autorités, comme les quelque 1500 manifestants anti-Wilders samedi à Amsterdam, continuent à défendre la liberté d'expression par dessus tout, à moins que le propos soit en infraction avec les lois sur l'incitation à la violence ou à la haine raciale.

Selon l'agence ANP, l'ensemble du gouvernement a visionné «Fitna» ce jeudi soir, M. Wilders ayant prévenu quelques heures avant sa diffusion. Par précaution, les accès au parlement de La Haye ont été bloqués par la police dans la soirée.

Un tribunal néerlandais doit statuer vendredi matin sur un référé déposé par une association musulmane néerlandaise contre ce court-métrage.

Geert Wilders vit sous protection policière depuis l'assassinat en novembre 2004 du polémiste Theo van Gogh par un islamiste radical, après un film dénonçant l'oppression des femmes par l'islam.