L'univers fantastique médiéval est en deuil. Le co-créateur du jeu de rôles Donjons et dragons, Gary Gygax, inventeur d'un monde mythique auquel jouent plus de 20 millions de personnes dans le monde, est mort mardi des suites d'un malaise cardiaque.

L'univers fantastique médiéval est en deuil. Le co-créateur du jeu de rôles Donjons et dragons, Gary Gygax, inventeur d'un monde mythique auquel jouent plus de 20 millions de personnes dans le monde, est mort mardi des suites d'un malaise cardiaque.

Pour l'écrivain Bryan Perro, auteur de la série fantastique Amos Daragon (Les Intouchables), son décès représente une perte immense pour les amateurs de jeux de rôles. «Gary Gygax a créé une forme de contes révolutionnaires qu'on pourrait qualifier de littérature vivante», affirme-t-il.

«J'ai joué à Donjons et dragons de l'âge de 16 ans jusqu'à 25 ans. Ça a profondément marqué mon imaginaire et fait rêver beaucoup d'autres auteurs, comme Sylvain Hotte (auteur de la série jeunesse Darhan, également aux Intouchables), avec qui j'ai joué à quelques occasions», ajoute l'écrivain de 39 ans.

Gary Gygax et son comparse Dave Arneson ont créé Donjons et dragons en 1974. Il s'agissait de la toute première version commerciale d'une vieille forme de jeu par laquelle les participants, encadrés par un maître du jeu, incarnent des personnages imaginaires dotés de pouvoirs magiques.

Gygax et Arneson ont formalisé le jeu en rédigeant des manuels de règlements et des guides encadrant la mise en scène des aventures.

«Nous pensions au départ vendre environ 50 000 exemplaires (des premiers manuels)», a déclaré Gygax à la BBC en 2004. Ils ont finalement vendu des dizaines de millions de guides Donjons et dragons, auxquels se sont par la suite greffés des figurines, des romans d'aventure et même des jeux vidéo sous licence, qui ont généré au fil des ans des ventes de plus d'un milliard de dollars.

«Les guides de Gary Gygax ont aussi donné naissance à plusieurs autres sortes de jeux de rôles depuis les années 80, mais Donjons et dragons reste de loin la marque la plus populaire», explique Alex Seliger, vendeur à la boutique spécialisée Le Valet d'coeur, à Montréal, qui a joué pour la première fois alors qu'il n'était âgé que de 10 ans.

«Au départ, c'était un phénomène très marginal, connu de quelques étudiants.»

Dans les années 90, la popularité des jeux de rôle a cependant connu un important déclin, lié à l'explosion des jeux vidéo. C'est à cette époque que Gary Gygax a vendu sa populaire franchise à Hasbro.

«Mais les grands films fantastiques, comme la trilogie du Seigneur des anneaux, ont maintenant relancé les ventes à la hausse», affirme M. Seliger.

Inspirés par l'univers des Donjons et dragons, des dizaines de jeunes se donnent rendez-vous tous les week-ends d'été dans le parc du Mont-Royal, où ils s'affrontent à coups d'épées de plastique, d'arcs à flèches à pointe rembourrée et de pics à bout arrondi. Un entraînement en vue de la grande «Bataille de bicolline», qui réunit une fois par année à Saint-Mathieu-du-Parc, près de Shawinigan, quelque 2000 tripeux, dans un village médiéval "grandeur nature" reconstruit pour l'occasion.

Gary Gygax était âgé de 69 ans, et animait encore des séances de jeu quelques semaines avant sa mort.