Vous résistez à la tentation? Toujours pas de petit appareil de communication vissé à votre oreille? Vous serez bientôt minoritaire.

Vous résistez à la tentation? Toujours pas de petit appareil de communication vissé à votre oreille? Vous serez bientôt minoritaire.

En 2008, l'ONU annonce que pour la première fois de l'humanité, plus de la moitié des citoyens du globe posséderont un téléphone cellulaire. En 2000, seulement une personne sur 10 cachait un cellulaire au fond de sa poche.

Ce n'est plus un gadget de riche. Dans un important rapport dévoilé mercredi, la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement fait état d'une progression spectaculaire du taux de pénétration de la communication sans fil dans les pays en développement. À eux seuls, le Brésil, la Russie, l'Inde et la Chine comptent un milliard d'abonnés au petit objet. C'est près du tiers des 3,3 milliards d'abonnés que comptera bientôt la planète.

La soudaine popularité dans les pays les plus pauvres est vertigineuse. Entre 2001 et 2005, révèle le rapport, les pays développés ont connu une faible augmentation de leur clientèle de 45 %. Pendant la même période, l'Afrique connaissait un boum de 415 %. On semble même y avoir abandonné la ligne fixe traditionnelle : il y a eu davantage d'activation de cellulaires en Afrique en cinq ans que de lignes fixes pendant un siècle. Et la soif du cellulaire est encore plus grande dans les anciens pays communistes du bloc de l'Est : plus de 715 % d'augmentation des abonnés en seulement quatre ans!

La téléphonie cellulaire vient donc damer le pion à une technologie pourtant florissante : Internet. «La téléphonie mobile est le plus important mode de communication dans les pays en développement, peut-on lire dans le document de l'ONU. Bien qu'Internet soit devenu une réalité pour des entreprises, des institutions publiques et les gens à revenu élevé, pour la vaste majorité de la population à bas salaire, la téléphonie mobile est en voie de devenir l'unique moyen de communication avec la société de l'information, à court et à moyen terme.»

La congestion au Nord

Si l'augmentation est plus timide en Amérique du Nord (croissance de 15,6 % au Canada en 2006), la pression exercée par les consommateurs d'ici sur les réseaux n'en demeure pas moins considérable. «La croissance de cette industrie est fulgurante, mais la ressource qu'est le spectre électromagnétique est limitée», explique Sébastien Roy, chercheur en télécommunications au département de génie électrique et informatique de l'Université Laval. Tous les appels faits avec un téléphone portable utilisent une fréquence oscillant entre 800 MHz et 2100 MHz. Ces fréquences sont octroyées lors d'enchères, où les opérateurs se les arrachent à coup de milliards de dollars.

Or, voilà que l'offre de nouveaux services multimédias (vidéophonie, téléchargement de musique, navigateur Web) sur les appareils est en train de sérieusement gruger cette ressource. «Il faut améliorer l'efficacité des antennes et les rendre plus intelligentes. La technologie est prête pour cela, mais les opérateurs traînent la patte, soutient Sébastien Roy. Ils ont investi tellement dans les réseaux actuels qu'ils ne veulent pas faire la migration tout de suite.»

Conséquence ? Le nombre d'abonnés canadiens continuera de croître dans un système de plus en plus limité. Et la quantité d'appels perdus ou bloqués augmentera. «On peut remarquer d'ailleurs que les réseaux de cellulaire d'aujourd'hui sont souvent moins fiables et stables qu'il y a 10 ans», conclut l'ingénieur.