En pleine négociation pour le renouvellement des conventions collectives, la Ville de Québec sévit contre le vol de temps au travail.

En pleine négociation pour le renouvellement des conventions collectives, la Ville de Québec sévit contre le vol de temps au travail.

Une enquête de six mois a permis d'épingler 27 employés pour utilisation abusive d'Internet pendant leurs heures de travail.

Déjà 15 d'entre eux ont été réprimandés, soit d'une simple lettre au dossier dans cinq cas ou par une suspension - sans solde - allant de cinq jours à un an pour les 10 autres.

Les 12 autres, tous des policiers, attendent de passer devant un comité de discipline. Les faits reprochés vont d'une utilisation immodérée d'Internet à la consultation de sites pornographiques en passant par le transfert de courriels humoristiques. Aucune accusation criminelle ne sera portée, les actes réprimandés n'ayant enfreint aucune loi.

Informée en mai de cas patents de perte de temps, la Ville a embauché au coût de 250 000 $ un cabinet d'avocats et une firme spécialisée pour mener une enquête. Les dossiers contre les employés étaient tellement documentés qu'aucun n'a voulu contester les faits, a indiqué le président du syndicat des cols blancs, Jean Gagnon, qui représente sept de ces employés.

L'enquête visait uniquement ces 27 personnes et non pas l'ensemble des quelque 3000 employés de la Ville ayant accès à un ordinateur durant leurs heures de travail.

«Il n'était pas question d'enclencher une chasse aux sorcières. Ça concerne une faible minorité», a tenu à préciser d'emblée le directeur général de la Ville, Alain Marcoux, en conférence de presse hier.

Les employés épinglés ont probablement été trahis par les serveurs informatiques de la Ville qui enregistraient un trafic virtuel beaucoup plus important à leur poste de travail.

Ceux-ci occupent des postes variés (cadres, fonctionnaires ou contractuels) et proviennent de services variés (ExpoCité, la cour municipale, les ressources humaines, les approvisionnements et la police).

Se fiant à la jurisprudence, la Ville a déterminé les sanctions en fonction du temps perdu dans Internet, le type de sites consultés, les fonctions de l'employé et le contenu des messages envoyés.

Le fait de transférer des courriels au contenu humoristique ou offensant - violent ou pornographique - a également été considéré comme un facteur aggravant puisqu'il multiplie la perte de temps par le nombre de personnes incluses dans la chaîne de lettres.

La perte de temps semble surtout être un fléau à ExpoCité, où sept employés ont été épinglés. Ceux-ci ont également reçu les sanctions les plus lourdes, un employé contractuel ayant été suspendu un an. Quatre de ses cadres ont également été sanctionnés.

Sans réprimander les supérieurs des gens épinglés, Alain Marcoux a spécifié qu'ils avaient été «associés à l'analyse de la situation et à la tenue des comités de discipline».

«C'est sûr que les cadres ont une responsabilité de s'assurer que les employés font une gestion adéquate de leur temps, mais en ce qui nous concerne, la Ville a assumé pleinement ses responsabilités.»

Jugeant regrettable le vol de temps, le syndicat des cols blancs a invité la Ville à mieux faire connaître la politique d'utilisation des technologies de l'information adoptée en juin 2005 balisant l'usage des ordinateurs. M. Marcoux a indiqué que celle-ci était disponible sur l'intranet de la Ville.

Et sa consultation n'est pas considérée comme une perte de temps.

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