Caracolant jusqu'ici sur les sommets, les actions des groupes technologiques américains ont dégringolé jeudi à New York, sur la crainte d'une extension de la crise financière à un secteur encore épargné, après que Cisco a signalé un ralentissement de ses commandes.

Caracolant jusqu'ici sur les sommets, les actions des groupes technologiques américains ont dégringolé jeudi à New York, sur la crainte d'une extension de la crise financière à un secteur encore épargné, après que Cisco a signalé un ralentissement de ses commandes.

Une petite reprise en fin de séance a permis à l'indice Nasdaq, qui regroupe les principales valeurs technologiques de la Bourse de New York, de limiter ses pertes à 1,92%, à 2.696,00 points, après avoir un temps perdu jusqu'à 3,7%.

Le Nasdaq a été tiré vers le bas par Cisco qui a plongé de 9,99%, à 29,45 dollars. L'équipementier télécoms, l'une des stars du compartiment, venait pourtant d'annoncer un bénéfice trimestriel en hausse de 37,1%, à 2,2 milliards de dollars, et des ventes accrues de 17% sur la même période.

Mais il a noté que les commandes des entreprises américaines, en particulier des distributeurs et des institutions financières, avaient nettement ralenti avec une augmentation d'environ 5%, contre 20% un an plus tôt.

Les marchés y ont vu le signe que la crise née dans le secteur immobilier s'étendait aux valeurs technologiques, qui avaient retrouvé ces dernières semaines des valorisations dignes de la «bulle internet» des années 2000.

Dans le sillage de Cisco, Oracle a perdu 7,51%, Apple 5,92%, IBM 4,47%, Intel 3,68%, Hewlett-Packard 3,67%, Yahoo! 3,37% et Microsoft 2,25%. Le moteur de recherche sur internet Google a plongé de 5,31%, à 692,45 dollars, repassant sous la barre des 700 dollars franchie il y a deux semaines.

Le groupe de stockage de données VMware, dont la valeur a quintuplé depuis son introduction en bourse en août, a fondu de 10,36% et son ancienne maison-mère EMC a chuté de 7,06%. Le fabricant du Blackberry RIMM cédait au final 6,43% et les sites de ventes en ligne eBay et Amazon 3,82% et 3,98%.

«Les investisseurs pour qui jusqu'ici les valeurs technologiques étaient incontournables semblent maintenant pressés de vendre pour prendre leurs bénéfices, après les hausses impressionnantes de beaucoup de valeurs technologiques» ces dernières semaines, commente le site boursier Briefing.com.

Le marché est également déprimé par les perspectives maussades pour l'économie américaine, dressées par le président de la Fed Ben Bernanke, qui a prédit une croissance "au ralenti", avec des risques accrus d'inflation.

«Quand Cisco a indiqué la faiblesse de ses ventes d'infrastructure de réseaux aux banques, les investisseurs y ont vu le signe que les valeurs technologiques, jusqu'ici intouchables et sans aucune exposition aux "subprimes" (crédits hypothécaires à risque), étaient maintenant elles aussi exposées», a commenté Marc Pado, de Cantor Fitzgerald.

«Les banques ont bien sûr annulé les commandes qu'elles avaient pu passer, étant donné les énormes dépréciations auxquelles elles doivent faire face», a-t-il indiqué. «Donc même s'il n'y a pas d'impact direct des "subprimes", les groupes technologiques sont exposés», a-t-il expliqué.

«Les fournisseurs de services informatiques sont particulièrement vulnérables après les résultats de Cisco», a relevé Jim Suva, de Citigroup.

«Ce n'est pas une bonne nouvelle pour le secteur. Ce sont les perspectives qui comptent, et c'est la première fois depuis deux ans que les prévisions de Cisco ne sont pas au-dessus de celles du marché», a-t-il dit.

Au début limitée à Cisco, la vague de ventes s'est ensuite propagée jeudi aux autres valeurs du secteur, quand Ben Bernanke (le président de la Fed) a «commencé à parler, a expliqué Marc Pado.

«Et puis le Nasdaq avait atteint la semaine dernière son plus haut depuis 6 ans et demi, et Cisco aussi. Des valeurs comme Google et Apple ont été le moteur de la hausse et ont été trop achetées. Maintenant les investisseurs veulent prendre leurs bénéfices, et quand le Nasdaq a cassé le plancher des 2700 points il a perdu 50 points en dix minutes», a-t-il noté.

Il a cependant jugé que ce mouvement était surtout technique, sans raison majeure, et ne remet pas en question la place des valeurs technologiques parmi les valeurs vedettes de la cote.