L'industrie de la mobilité est émergente au Canada: le taux d'adoption est encore faible, la technologie commence à devenir profitable et de nouvelles avenues prometteuses font leur apparition. La publicité mobile, par exemple. Appelée à exploser dans les années à venir, elle est cependant présentement étouffée par un conflit qui oppose exploitants de sans-fil et créateurs de contenu.

L'industrie de la mobilité est émergente au Canada: le taux d'adoption est encore faible, la technologie commence à devenir profitable et de nouvelles avenues prometteuses font leur apparition. La publicité mobile, par exemple. Appelée à exploser dans les années à venir, elle est cependant présentement étouffée par un conflit qui oppose exploitants de sans-fil et créateurs de contenu.

La publicité mobile peut prendre plusieurs formes, de l'envoi de messages texte directement à son sans-fil, à l'affichage de bannières publicitaires sur les pages d'un site web destiné aux appareils mobiles. Laissée à elle-même, c'est quelque chose qui pourrait rapidement ressembler à l'équivalent téléphonique du pourriel. Ça, l'Association canadienne des télécommunications sans fil est prête à tout pour l'empêcher.

«La publicité mobile ne doit pas être intrusive et ne doit pas brimer le lien intime qui existe entre un usager et son sans-fil», résume Peter Barnes, président de l'ACTS. «C'est d'ailleurs pour ça qu'on suit de près l'octroi de numéros abrégés (des numéros à six chiffres auxquels les usagers peuvent envoyer un message texte afin d'obtenir de l'information promotionnelle ou autre) et l'envoi de messages texte, afin qu'ils ne servent pas à envoyer de la publicité non sollicitée aux consommateurs.»

Une façon de réduire le coût du sans-fil?

C'est ce «lien intime» qui rend la publicité mobile si attrayante auprès des annonceurs. Pour plusieurs personnes, le sans-fil est un objet plus précieux encore que le portefeuille ou que les clés de la voiture. C'est donc un média de très grande qualité pour rejoindre, individuellement, un nombre important de consommateurs. «Et ça, pour les annonceurs, ça n'a pas de prix», résume M. Barnes.

C'est effectivement le cas, constate Jean-Philippe Gauthier, vice-président de Gesca Numérique. Il affirme que de plus en plus d'agences publicitaires lui demandent quand il sera possible de placer des encarts publicitaires sur la version mobile de ses sites web. «L'intérêt est manifeste», assure-t-il.

En fait, même les consommateurs semblent intéressés par cette éventualité. Un sondage réalisé l'été dernier par la firme américaine Telephia révélait que la moitié des répondants le toléreraient, s'ils peuvent obtenir, en échange, du contenu de meilleure qualité.

Ou, pourquoi pas, si ça peut faire baisser leur facture mensuelle. Surtout au Canada, où les coûts élevés font rager bien du monde, du simple usager à des multinationales comme Research in Motion, qui a déjà admis qu'elle vendrait «huit ou neuf fois plus» de ses BlackBerry au Canada, si les frais de transmission de données étaient moins importants.

Un gâteau difficile à partager

Bref, la publicité mobile promet de faire plaisir à tout le monde. «Sauf qu'au Canada, ce n'est pas près de voir le jour», déplore Jean-Philippe Gauthier. Même son de cloche du côté de Quebecor Média: «On a pris un retard de quatre ans sur le reste du monde à ce niveau, constate Luc Lavoie, son vice-président.Tant que l'industrie ne possédera aucune raison d'innover, on ne pourra pas parler de publicité mobile.»

Selon M. Lavoie, il faudra attendre le déploiement de réseaux sans fil plus performants, capables de diffuser du contenu audiovisuel plus diversifié, avant de voir la pub mobile émerger au Canada.

Chez Gesca Numérique, on pense que c'est une simple question d'argent. «Les exploitants veulent évidemment avoir une grande part des revenus qu'on pourrait tirer de la publicité sur nos sites», résume M. Gauthier, qui souhaite que le président de l'ACTS s'implique afin de régler cette impasse.

M. Barnes le veut bien. «Nous avons créé un groupe de travail là-dessus, dit-il. C'est sûr que les exploitants et les créateurs de contenu doivent s'asseoir et s'entendre sur le partage des revenus, mais ça va finir par se régler.»

Pendant ce temps, le géant américain Google annonce le lancement de son service de publicité mobile dans 13 pays (mais pas au Canada, bien sûr). Ça va peut-être prendre un coup de pouce de sa part pour accélérer le processus!