Nada, Montréalaise de 19 ans, a appris hier à ses dépens que le téléphone à écran tactile qu'elle a payé 750$ à un vendeur ambulant de Laval, d'apparence presque identique au téléphone d'Apple, n'en est qu'une pâle copie.

Nada, Montréalaise de 19 ans, a appris hier à ses dépens que le téléphone à écran tactile qu'elle a payé 750$ à un vendeur ambulant de Laval, d'apparence presque identique au téléphone d'Apple, n'en est qu'une pâle copie.

La jeune femme a rencontré le vendeur pour la première fois lundi soir, dans le stationnement du restaurant McDonald's du boulevard Curé-Labelle, à Laval.

L'homme est arrivé à bord d'une Mercedes-Benz grise, et lui a vendu un soi-disant Nokia N95 pour 600 $. «Je me suis vite rendu compte que c'était un faux. Il n'y avait pas de porte sur le côté pour insérer les cartes de mémoire», explique Nada, une employée à temps partiel d'un magasin à un dollar.

Le lendemain, elle a rappelé l'homme pour se plaindre et demander un remboursement. Il lui a donné rendez-vous au restaurant Le Prince libanais, boulevard Lévesque, où il travaille. «Il a dit qu'il ne pouvait pas me redonner mon argent. Alors il m'a donné l'iPhone pour 150$ de plus», explique Nada.

Fauchée et prise avec un appareil incompatible avec le réseau GSM de Fido et Rogers, la jeune femme a donc décidé de le revendre 900$ sur le site de petites annonces Kijiji, où le vendeur ambulant publie lui-même une annonce.

Mercredi soir, La Presse a rencontré l'homme d'une quarantaine d'années dans le stationnement du même restaurant McDonald's.

Dans sa Mercedes, le vendeur a montré l'appareil, en affirmant l'avoir acheté sur le site européen d'eBay. Il a reconnu qu'il s'agissait d'un faux, et en demandait 1000$, soit le double du prix fixé par Apple pour l'iPhone de base doté d'une mémoire de 4 Go.

Lors d'un appel téléphonique anonyme hier après-midi, l'homme, qui dit s'appeler Louby, avait cependant une version différente. En plus d'appareils Nokia N95 et LG Chocolate, il affirmait avoir un véritable iPhone à vendre.

«Bien sûr qu'il s'agit d'un vrai iPhone, a-t-il assuré. Il vient d'Europe.» Mais lorsque La Presse s'est présentée à son restaurant quelques instants plus tard, il n'en était toutefois plus certain. «C'est un iPhone européen. Je ne suis pas sûr s'il s'agit d'un vrai ou d'un faux, alors je l'annonce (sur Kijiji) comme un faux», a-t-il dit.

L'homme a aussi nié avoir vendu un appareil identique à une jeune femme de 19 ans. «Je ne sais même pas de quoi vous parlez», a-t-il dit.

Contrefaçon chinoise

Selon ce qu'a pu constater La Presse, le faux iPhone est une copie fabriquée par CECT, une entreprise établie près de Pékin qui produit plusieurs copies de téléphones de marques populaires.

Toutes les dimensions de la copie sont identiques à celles de l'iPhone original, à l'exception de l'écran tactile, qui est plus petit. Au démarrage, le logo d'Apple s'affiche normalement, et un autre logo de pomme est imprimé à l'arrière de l'appareil.

C'est cependant une fois le portable allumé que la contrefaçon devient évidente. L'écran tactile nécessite en effet l'utilisation d'un stylet plutôt que les doigts, et l'interface n'a clairement pas le même cachet que celle mise au point par Apple. La quantité de mémoire pour stocker les images et la musique est par ailleurs limitée à 64 Mo. Une fente d'expansion permet d'augmenter cette capacité de 256 Mo grâce à une carte micro SD, un concept qui ne se trouve pas sur l'iPhone.

Autre détail à noter : la batterie est amovible, alors que ce n'est pas le cas pour tous les appareils de la gamme iPod vendus par Apple.

Folie sur Internet

Les premières traces de l'existence du faux iPhone remontent au mois de mai, lorsqu'une vidéo décrivant son fonctionnement est apparue sur YouTube. Des milliers de forums de discussion en ont fait état, générant des millions de commentaires d'aficionados d'Apple.

La sortie aujourd'hui de l'iPhone aux États-Unis est entourée d'une frénésie rarement vue. De longues files d'attente sont apparues en début de semaine devant les points de vente d'AT&T, le seul fournisseur autorisé à vendre l'iPhone pour l'instant.

L'ampleur de la fièvre iPhone peut être constatée par une simple visite sur le site d'eBay. Pour 200 $, on pouvait hier soir acheter une place de choix dans une file d'attente devant un magasin de Chicago pour être parmi les premiers à mettre la main sur l'appareil.

Des vendeurs offraient aussi à prix d'or des noms de domaine liés à l'iPhone, comme les adresses www.iPhone-by-Appple.com, dont le prix de départ était fixé à 25 000 $, ou www.iPhoneshop.com, qui partait à 1000 $.

Pour un prix variant entre 100 $ et 500 $, d'autres vendaient plutôt des adresses de courriel acquises auprès de grands fournisseurs, comme iPhone.Nationalwide@gmail.com et iPhone_applestore@hotmail.com. Dans les deux cas, les éventuels acheteurs pourront s'en servir pour faire du commerce électronique plus ou moins légal.

Aussi:

Voyez des photos de la frénésie entourant le lancement de l'iPhone sur Technaute