San Francisco - Depuis que le site YouTube a été acquis par Google pour 1,65 milliard de dollars, les entrepreneurs qui connaissent du succès sur le Web font face à une même question : les millions, c'est pour quand?

San Francisco - Depuis que le site YouTube a été acquis par Google pour 1,65 milliard de dollars, les entrepreneurs qui connaissent du succès sur le Web font face à une même question : les millions, c'est pour quand?

L'automne dernier, le téléphone des dirigeants de Digg sonnait souvent. Les rumeurs selon lesquelles le site de nouvelles pourrait être vendu étaient persistantes et la pression se faisait sentir.

Le site, lancé à la fin de 2004, bénéficiait d'une couverture enviable des grands médias américains. Le buzz était bon, a dit le PDG de Digg dans le cadre de la conférence Web 2.0 Expo.

Les offres d'achat n'étaient pas formelles, mais de grandes entreprises faisaient sentir qu'elles pourraient être intéressées. Et qu'elles avaient beaucoup d'argent.

«On s'est dit qu'on allait se concentrer sur ce qu'on faisait. Mais c'est là qu'ils ont commencé à faire tinter des chiffres et à dire : on va vous laisser y penser. Quand les rumeurs comme ça commencent, tout le monde devient improductif», dit Jay Adelson.

JotSpot, une entreprise spécialisée dans les applications wiki, a eu en 2006 le fameux appel assorti de quelques millions. L'entreprise a été acquise par Google pour un montant qui n'a pas été dévoilé.

Vendre la compagnie qu'on a fondée ne se fait pas sur un coup de tête, même quand l'argent pend au bout du nez. Le cofondateur de JotSpot dit avoir beaucoup pensé à ses employés.

«J'avais convaincu 28 personnes de quitter leur emploi précédent pour se joindre à JotSpot. Je voulais que les conséquences d'une vente soient positives pour eux. C'est de là que venait la pression quand le moment de vendre est venu», dit Joe Kraus.

Mena Trott, qui a fondé l'entreprise de blogues Six Apart avec son mari, dit en rigolant que la pression pour vendre la compagnie vient de sa famille.

«Nos parents ont vu ce qui s'est passé avec YouTube et nous demandent quand est-ce que ça va nous arriver!»

La femme d'affaires affirme qu'elle ne se demande pas si son entreprise sera «le prochain YouTube».

«Nous employons 140 personnes, dit-elle. On ne vend pas sans se demander si c'est une bonne chose pour ces gens.»

Pour le PDG de Digg, trop penser à une possible vente de l'entreprise est une «perte de temps».

«Il faut rester intelligents, en dépit de ce qui est arrivé à YouTube. Il faut oublier ça», dit Jay Adelson.

Selon lui, les entreprises comme la sienne, qui bénéficient d'une bonne presse et font fonctionner la machine à rumeurs, doivent rester concentrées et ne pas laisser les médias prendre les décisions à leur place.

Le cofondateur de JotSpot, désormais employé de Google, n'a pas de regrets d'avoir vendu son entreprise.

«Je ne peux pas penser à une meilleure compagnie par laquelle être acheté, dit Joe Kraus. Je suis un nerd, et Google est le paradis des nerds