D'un souffle, Yu Nagao fait disparaître de l'écran le nuage qu'il vient de dessiner sur l'écran. Au salon de la réalité virtuelle de Laval en France, étudiants et chercheurs japonais apportent un peu de poésie à une technologie désormais solidement ancrée dans le réel.

D'un souffle, Yu Nagao fait disparaître de l'écran le nuage qu'il vient de dessiner sur l'écran. Au salon de la réalité virtuelle de Laval en France, étudiants et chercheurs japonais apportent un peu de poésie à une technologie désormais solidement ancrée dans le réel.

Un «bac à sable» dont les grains changent de couleur quand on les brasse, des robots cubiques qui valsent en parfaite synchronisation, un bâton magique qui permet de diriger des jeux d'eau lumineux... les préoccupations nipponnes apparaîtraient presque futiles dans une manifestation désormais investie par des poids lourds industriels comme Microsoft ou Dassault Systèmes.

Car la réalité virtuelle est devenue un business à part entière. Pour le cinéma et les jeux vidéos, bien sûr. Ou la conception d'objets industriels complexes. Mais de nouvelles applications apparaissent à vitesse accélérée, dans la santé, l'architecture, la gestion des risques ou le marketing, peut-on constater en parcourant les allées de Laval Virtual (du 18 au 22 avril).

«Très souvent, les Japonais présentent des produits qui n'ont pas d'applications pratiques au départ, mais il y des technologies très intéressantes derrière», souligne Jean-François Fontaine, le directeur de l'exposition lavalloise. «Très rapidement, ça se retrouve sur le marché».

«Cette année, poursuit M. Fontaine, on voit bien que tout ce qui touche au ressenti fait son entrée parmi les interfaces de demain» entre l'homme et la machine. On s'apperçoit que les interfaces dures, clavier ou souris, disparaissent de plus en plus», ajoute-t-il, interrogé par l'AFP.

L'haleine chaude de Yu Nagao, captée par une caméra thermique placée derrière l'écran, est ainsi devenue une interface à part entière.

Le groupe NTT propose en démonstration un plateau qui dirige le garçon de café vers ses clients, grâce à un système de vibrations qui perdent en intensité si le porteur fait fausse route. Mais ce n'est pas qu'un gadget.

«Nous sommes une entreprise de téléphonie», explique son représentant Tomohiro Amemiya. «Comme beaucoup de téléphones portables sont désormais dotés d'un GPS, l'intégration d'un tel dispositif permettrait à des personnes âgées ou mal voyantes de se diriger seules», explique-t-il.

Les petits robots valseurs de l'université UEC Tokyo n'ont pas besoin d'être programmés: des capteurs optiques les font suivre les instructions que leur transmet l'écran d'ordinateur sur lesquels ils sont posés.

«Avec cette nouvelle technologie, on peut envisager toute une nouvelle gamme d'accessoires pour téléphones portables», souligne Masahiko Inami, professeur à l'UEC. Il a ainsi mis au point de minuscules oursons adhésifs auxquels votre interlocuteur peut demander de hocher la tête ou adresser un signe de la patte.

Tomokazu Baba, un étudiant de l'université du Kyushu, a développé une série de jeux qui ne peuvent fonctionner que si les participants se touchent, grâce à l'utilisation de courants électriques de très basse intensité.

On peut ainsi jouer avec un plateau de bois rond, muni de quatre poignées métalliques. Une main tient la poignée, l'autre tapote celle d'un autre joueur, ce qui permet de produire une note. A quatre, on arrive à recréer des mélodies.

«Autrefois, les participants à des jeux de réalité virtuelle étaient éloignés les uns des autres. Maintenant, les barrières tombent», commente M. Baba.