Presque tous les achats de logiciels du gouvernement se font sans appels d'offres, au gré à gré, avec des fournisseurs de produits brevetés comme Microsoft, déplorent des spécialistes du logiciel libre, qui demandent à Québec d'équilibrer les règles du jeu.

Presque tous les achats de logiciels du gouvernement se font sans appels d'offres, au gré à gré, avec des fournisseurs de produits brevetés comme Microsoft, déplorent des spécialistes du logiciel libre, qui demandent à Québec d'équilibrer les règles du jeu.

Cyrille Béraud, président de Savoir-Faire Linux, une entreprise qui vend des services aux utilisateurs de logiciels libres, constate que les achats sans appel d'offres de produits Microsoft et autres sont la règle.

«L'article 12,7 (du Règlement sur les contrats d'approvisionnement) permet à l'État de négocier de gré à gré lorsqu'il veut acheter des logiciels couverts par des droits exclusifs. Tous les achats de produits Microsoft, IBM, Novell, etc. se font en vertu de cet article. Il n'y a par exemple jamais eu d'appel d'offres pour évaluer un autre système d'exploitation que Windows. Il y a d'après nous un abus de l'utilisation de l'article 12,7, ce sont des millions et des millions de dollars d'achats qui se font de gré à gré.»

Il existe pourtant des solutions de rechange très fiables, ajoute-t-il, «mais sans appel d'offres on ne peut pas les faire valoir». Il a d'ailleurs écrit pour demander que l'article 12,7 soit abrogé.

Le directeur général des acquisitions pour le Centre des services partagés du Québec, Guy Chouinard, reconnaît que les conditions actuelles ne sont pas favorables au logiciel libre.

«Nous signons des contrats parapluie avec les compagnies pour permettre à un ministère qui doit changer la version de ses logiciels d'acheter automatiquement d'autres produits Microsoft, Novell ou IBM.»

Par ailleurs, si un ministère doit acheter 1000 postes de travail, il va préférer garder le même fournisseur pour assurer que son parc informatique soit homogène et stable, ajoute M. Chouinard. «Ce modèle-là ralentit l'implantation et le développement du logiciel libre.»

«Il n'y a à peu près pas d'expertise dans ce domaine au gouvernement, poursuit-il. L'industrie du logiciel libre est encore une petite industrie en émergence, qui vit souvent sur le coin de la table. On va essayer de mettre en place une offre globale de service pour supporter les ministères qui veulent aller dans cette direction», conclut-il.

Le logiciel libre est pourtant très répandu dans les administrations publiques en France, signale Daniel Pascot, professeur à la faculté des sciences de l'administration de l'Université Laval.

«Le ministère des Finances en France est complètement sur logiciel libre, dit-il, et chaque député va recevoir en juin un poste de travail entièrement en logiciel libre.»

M. Pascot vient de recevoir à Québec Roberto Di Cosmo, qui préside un projet visant à promouvoir le logiciel libre en France. Le gouvernement veut en effet créer un pôle de compétitivité pour faire de la France «une référence mondiale pour la recherche, le développement et l'édition de logiciels libres», indique un communiqué du ministère français de l'Économie, des Finances et de l'Industrie.

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