Microsoft a déclaré la guerre mardi à Google en l'accusant de piratage systématique alors que les deux groupes s'affrontent maintenant dans le secteur des logiciels bureautiques pour entreprises, jusqu'ici chasse gardée de Microsoft.

Microsoft a déclaré la guerre mardi à Google en l'accusant de piratage systématique alors que les deux groupes s'affrontent maintenant dans le secteur des logiciels bureautiques pour entreprises, jusqu'ici chasse gardée de Microsoft.

«Google essaie partout où il le peut de contourner les limites de la législation sur les droits d'auteurs», a déclaré mardi le principal conseiller juridique du groupe sur ces questions, Thomas Rubin, dans une tribune publiée dans le Financial Times.

Il a critiqué à la fois le projet de Google de numériser les livres des bibliothèques du monde entier, qui selon lui ne profitera pratiquement qu'à Google et non aux éditeurs et auteurs, et le site de clips YouTube, racheté par Google, qui se voit reprocher de diffuser des extraits pirates d'émissions.

David Drummond, directeur juridique de Google, a répondu mardi à l'AFP que «le but des moteurs de recherche et de produits comme Google Book Search et YouTube est d'aider les utilisateurs à trouver des informations provenant de fournisseurs de contenus de toute taille».

«Nous faisons cela en accord avec les lois internationales sur le copyright, ce qui a permis de donner davantage de visibilité et dans de nombreux cas davantage de recettes aux auteurs, éditeurs et producteurs de contenus», a-t-il ajouté, soulignant Google avait «plus de 10.000 partenaires» dans l'édition. YouTube a lui plus de 1.000 partenariat dans la vidéo.

«Nous souhaitons travailler avec encore plus de partenaires pour que davantage de contenu puisse être découvert en ligne», a conclu Google.

La fédération CCIA (Computer and Communications Industry Association) a pris lundi la défense de Google.

Elle a estimé que le moteur de recherche de Google, tout comme celui de Microsoft, relevait d'un «juste usage» des contenus et ne violait pas de droits d'auteur, ni d'ailleurs «les transformations de logiciels par les programmateurs de Microsoft», allusion à l'amende de 1,5 milliard de dollars récemment infligée à Microsoft dans ce domaine.

«Microsoft ferait bien de considérer que sa propre activité dépend de l'idée d'usage juste, avant de remettre en cause ce principe», ajoute la CCIA.

En choisissant ce terrain, Microsoft veut viser un point faible de Google, qui est la cible de plaintes en justice sur sa bibliothèque numérique et ses sites de recherche d'informations.

L'Agence France-Presse a engagé une action judiciaire contre Google, l'accusant d'avoir enfreint les lois de protection du copyright en utilisant sans son accord des photos et des textes d'information.

Microsoft et Google sont depuis des années en rivalité feutrée, chacun lorgnant le domaine réservé de l'autre: moteur de recherche et publicité en ligne pour Google, logiciels payants pour Microsoft. L'un règne sur 90% des PC mondiaux, l'autre domine la recherche et la publicité sur internet.

Mais c'est Google qui a déclenché les hostilités il y a deux semaines en lançant Google Apps, des logiciels pour entreprises pour seulement 50 dollars, qui concurrencent la suite Office de Microsoft.

«C'est le défi le plus substantiel contre Microsoft depuis 10 ans», a résumé l'analyste d'AMR Research Jim Murphy.

Les deux groupes sont en fait devenus rivaux sur tous les fronts: logiciels, audience sur internet, publicité, centres de stockage de données, moteur de recherche et image, chacun voulant apparaître comme le plus vertueux.

Ainsi Microsoft a modernisé son moteur de recherche Live Search et développé Adcenter (publicités liées aux mots-clés) qui concurrence Google.

Google a lui multiplié les logiciels gratuits en ligne et renforcé sa messagerie Gmail, rivale du Hotmail de Microsoft.

Tous deux visent aussi le marché émergent des téléphones mobiles, avec Windows Mobile de Microsoft face aux logiciels Google Mobile.