Dans la classe d'italien de Jacqueline Samperi, à l'Université de Montréal, il y a des étudiants en science politique, en musique, en communication et en histoire de l'art. Mais ils ont au moins une chose en commun: ils ont tous un baladeur numérique vidéo. Ils en ont besoin pour leurs devoirs.

Dans la classe d'italien de Jacqueline Samperi, à l'Université de Montréal, il y a des étudiants en science politique, en musique, en communication et en histoire de l'art. Mais ils ont au moins une chose en commun: ils ont tous un baladeur numérique vidéo. Ils en ont besoin pour leurs devoirs.

Les étudiants de Mme Samperi font partie des 125 cobayes d'une expérience pilotée par André H. Caron, titulaire de la chaire Bell en recherche interdisciplinaire sur les technologies émergentes, à l'U de M. Les autres étudiants sont répartis dans trois autres programmes : pharmacie, design industriel et études anglaises.

Ils ont tous reçu au début du semestre un baladeur numérique doté d'un écran couleur et d'une puissante mémoire, de marque iPod de Apple ou Zen de Creative, valant environ 300 $.

Chaque semaine, ils peuvent télécharger sur le site Web de l'Université de Montréal des séquences audio ou vidéo choisies par leur professeur.

«Je vais les exposer à plusieurs choses, dit Mme Samperi. Des histoires orales, avec des épisodes de deux ou trois minutes, des clips culturels, des exercices, des chansons populaires italiennes et des airs d'opéra. Les étudiants peuvent les écouter plusieurs fois, où ils veulent et quand ils veulent.»

Après trois semaines, les étudiants voient déjà les avantages de leur nouveau gadget. «J'habite à Longueuil et je fais beaucoup de métro, alors c'est pratique, dit Liliana Potes, étudiante en arts et sciences. C'est bon pour apprendre le vocabulaire.»

«On va pouvoir faire à la maison tout ce qu'on ferait sinon au laboratoire de langues», dit Myriam Forget-Charland, étudiante en communication.

«Ça se transporte partout et c'est moins lourd qu'un ordinateur, dit Marie Dufour. En musique, ce serait super. On pourrait écouter les morceaux et aussi lire les partitions.»

Mais la technologie a de quoi rebuter au départ. «Je ne suis pas excellente avec les ordis, dit Mme Dufour. Heureusement que j'ai un coloc qui l'est!»

Étudiant en science politique, Jean-Philippe Arcand a eu des problèmes au démarrage. «Pour l'instant, j'écoute de la musique et la radio, dit-il. Je ne m'en suis pas encore servi pour le cours parce que j'avais un problème avec ma connexion Internet à la maison.»

Deux fois pendant le semestre, les participants devront remplir un journal de bord. «On veut savoir ce qu'ils écoutent, dit M. Caron. Du son, de la vidéo? Du divertissement ou du contenu éducatif? Où est-ce qu'ils l'ont fait? Au gym? Au café? Ensuite on va les rencontrer par petits groupes pour leur demander ce que ça leur a rapporté.»

Les étudiants sont contents de participer à l'expérience, mais ils sont loin de souhaiter la disparition des cours magistraux. «Le iPod, c'est moins bon pour la concentration, dit Gabrielle Davoine-Tousignant, étudiante en histoire de l'art. Tu peux appuyer sur stop ou pause quand tu veux, mais tu ne peux pas faire ça avec un prof. En plus, ça fait super individualiste.»

De toute manière, la nouvelle technologie n'est pas là pour remplacer le professeur, croit M. Caron. Mais elle pourrait transformer le rapport entre le maître et l'élève. «Les étudiants vont ajouter du contenu, dit-il. Ils vont en trouver ailleurs et en créer eux-mêmes. Ils vont le proposer à leur professeur. Et là, on tombe en plein dans la philosophie de cette génération. L'étudiant devient un partenaire dans la recherche d'information.»

L'Université de Montréal n'est pas la première à utiliser la baladodiffusion - podcasting en anglais. À l'automne 2005, l'Université Stanford en Californie l'a fait pour la première fois. Elle a été suivie rapidement par d'autres, comme UC Berkeley ou encore McMaster au Canada.

Mais M. Caron est le premier à mesurer l'efficacité et la pertinence de la technologie. «Toutes les universités sont bonnes pour acheter du matériel, mais ici, on veut savoir avant d'acheter», dit-il.