La démarche de Microsoft, qui pourtant peut se justifier, se traduit au final par une levée de boucliers.

La démarche de Microsoft, qui pourtant peut se justifier, se traduit au final par une levée de boucliers.

L'affaire de Microsoft, qui a payé un éditeur de Wikipedia afin de modifier certains articles, a relancé l'actualité de l'encyclopédie communautaire en ligne, avec en filagrammes une question qui revient systématiquement: faut-il rémunérer les blogueurs ?

Rappelons que depuis mercredi dernier Microsoft fait l'objet d'une campagne de dénigrement de la part de nombreux blogueurs, mais aussi de Jimmy Wales, le fondateur de Wikipedia, à la suite du renvoi de l'éditeur rémunéré.

Pourtant, il ne semble pas que Microsoft ait fait preuve d'une volonté de tromper les lecteurs. Il a certes rémunéré un éditeur, mais dans le but, non pas d'orienter les articles de l'encyclopédie à son profit, affirme-t-il, mais plutôt de corriger des erreurs le concernant qui auraient été introduites dans ces articles.

L'éditeur incriminé, Rick Jelliffe, un directeur technique australien qui se déclare amateur de standards et non un partisan de Microsoft, a d'ailleurs indiqué qu'il a été surpris d'être approché par Microsoft, mais qu'il a accepté l'offre de réviser les articles. Il considère en effet qu'il est important de s'assurer que les processus des standards techniques soient correctement décrits.

Le principal article objet du litige concerne l'entrée Open XML, le format ODF OOXML (XML d'OpenOffice, l'alternative à la suite bureautique Microsoft Office).

Dans cette affaire, Microsoft pourrait facilement se poser en victime, et arguer que sa démarche vise à corriger des éléments qui mettraient en cause ou dénatureraient ses technologies. C'est d'ailleurs pour cela qu'il s'est proposé de rémunérer un éditeur sur le temps qu'il aurait passé à apporter les corrections.

Sauf que c'était sans compter à la fois sur la vigilance de la communauté Wikipedia, mais aussi sur le manichéisme dont font preuve ces mêmes communautés lorsqu'il s'agit de Microsoft, l'ennemi héréditaire toujours vu du côté noir de la planète informatique.

Comment alors obtenir la modification d'articles jugés incorrects ? Pour Jimmy Wales, Microsoft aurait dû publier un livre blanc avec son interprétation des faits, le poster sur son site et publier le lien sur les forums de discussion de Wikipedia. Donc soumettre sa vision à la communauté Wikipedia...

Cette affaire a au moins le mérite de remettre sur le devant de l'actualité un certain nombre de questions autour de l'encyclopédie en ligne. Sur son fonctionnement communautaire qui peut être l'objet de dérives, par exemple. Ou encore sur les déséquilibres dans les traitements, un sujet obscur pouvant faire l'objet d'un développement disproportionné alors qu'une entreprise technologique de premier plan pourra ne faire l'objet que d'un entrefilet de quelques lignes, alors qu'il y aurait tant à dire...

Reste la question de la professionnalisation des éditeurs, qui pourraient être rémunérés afin de leur garantir une relative indépendance. Sur ce plan l'idée ne risque pas d'avancer, Jimmy Wales a rappelé qu'il y est fondamentalement opposé.

Dans ces conditions, et malgré les efforts de validation des éditeurs et de leurs contenus, il continuera longtemps de planer des doutes sur la qualité des articles des encyclopédies communautaires en ligne !

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