À moins de vivre sur une autre planète, vous avez au moins entendu parler de YouTube, ce site totalement débridé de vidéos sur Internet.

À moins de vivre sur une autre planète, vous avez au moins entendu parler de YouTube, ce site totalement débridé de vidéos sur Internet.

Si vous êtes le moindrement curieux, il y a de fortes chances que vous y ayez fait une petite visite. Peut-être êtes-vous même devenu accro?

Les vidéos diffusées par YouTube sont loin d'être toujours bonnes, mais on trouve parfois des perles plutôt amusantes. Qu'on aime ou pas, YouTube est devenu un incontournable.

La décision de certains annonceurs de s'inspirer de la popularité de ce site pour leur campagne publicitaire en vue du prochain Super Bowl est une preuve supplémentaire de l'impact de ce site et de son influence sur les médias.

L'exemple le plus frappant est celui de Frito Lay, une division de PepsiCo, fabricant des croustilles Doritos. Capitalisant sur l'engouement des gens pour la diffusion de vidéos sur Internet, Doritos a décidé de laisser aux consommateurs le soin de concevoir l'annonce publicitaire qui sera diffusée lors du Super Bowl, le 4 février.

Vous avez bien compris. Ce sera une vidéo amateur qui vantera les mérites de Doritos dans le cadre de ce qui, au fil des ans, est devenu l'événement publicitaire de l'année.

Pour profiter du bassin incroyable de téléspectateurs qui regardent le Super Bowl, les annonceurs sont prêts à payer une véritable fortune pour une pub de 30 secondes. Des pubs qui rivalisent d'audace et de créativité et qui, jusqu'à maintenant, étaient créées par des professionnels aguerris.

Doritos vient de briser le moule. Depuis octobre dernier, les consommateurs américains sont invités à participer à un concours qui leur donne la chance de voir leur vidéo diffusée lors du jour J. La réponse a dépassé les attentes, l'entreprise américaine a reçu plus d'un millier de vidéos. De ce nombre, les juges ont retenu cinq finalistes.

Le résultat, qu'on peut d'ailleurs constater à l'adresse www.crashthesuperbowl.com, est étonnant. Le talent est indéniable, il y a vraiment de bonnes choses.

C'est maintenant au public de voter pour la pub de son choix. Il a jusqu'au 19 janvier pour le faire.

En s'inspirant de YouTube, Doritos a réussi un coup fumant.

Elle profite de la tendance de l'heure pour faire parler d'elle avant même la tenue du Super Bowl. Reste maintenant à voir si cette première fera des petits. Est-ce le début d'une tendance ou seulement une anecdote liée au phénomène du Super Bowl?

Pour des publicitaires comme Jacques Duval, président et chef de la direction de Marketel, l'expérience lancée par Doritos est extrêmement intéressante. «C'est la démocratisation à l'extrême du média, affirme-t-il. C'est fantastique ce qui se passe avec YouTube et c'est très stimulant pour l'industrie.»

Il ne craint pas par contre pour l'avenir de son agence. Selon Jacques Duval, l'expérience Doritos est strictement événementielle et ne risque pas de faire tache d'huile.

«Doritos peut bien lancer un concours si ça l'amuse, mais elle aura toujours besoin de professionnels pour créer la personnalité de sa marque. Heureusement pour nous, ajoute-t-il en riant. En d'autres termes, c'est parce que Doritos a une image de marque bien définie que les consommateurs ont pu facilement créer les pubs pour le concours.»

Jacques Duval voit même certains avantages à l'expérience tentée par Doritos. «On va intéresser un vaste bassin de gens au monde de la publicité. Certains talents pourraient s'y révéler. Talents qui seront récupérés par l'industrie.»

Le président de Marketel est cependant persuadé que le phénomène YouTube aura un impact sur la façon dont les publicitaires vont concevoir une annonce. «Le style de pub pourrait très bien se rapprocher du côté pas trop léché qu'on retrouve sur le site Internet.»

Mais le véritable impact de YouTube sur le monde des médias va bien au-delà du style. Comment en effet calculer le cachet d'un artiste si la publicité destinée à la télévision se retrouve sur YouTube et est visionnée par des milliers d'internautes? Comment payer des droits d'auteur si le diffuseur n'a pas vraiment le contrôle sur le produit, puisqu'il pourrait très bien se retrouver sur YouTube?

«Ce sont les questions de fond que soulève YouTube. Le phénomène de la vidéo sur Internet est d'ailleurs au coeur du litige qui oppose l'ACTRA, un syndicat canadien d'acteurs anglophones, aux producteurs, précise Jacques Duval. Il y a là tout un ajustement à faire. Le cas Doritos est la pointe de l'iceberg, c'est la surface. Les vraies questions sont sur le point d'être débattues.»