Que diriez-vous de voir sur votre téléviseur Guillaume Latendresse en trois dimensions (3D) menacer les gardiens adverses? Ou encore de voir Bernard Derome d'assez près sur votre écran de télé pour avoir la sensation de pouvoir le toucher? Cela pourrait être possible dès 2008 si les projets de Sensio Technologies se concrétisent.

Que diriez-vous de voir sur votre téléviseur Guillaume Latendresse en trois dimensions (3D) menacer les gardiens adverses? Ou encore de voir Bernard Derome d'assez près sur votre écran de télé pour avoir la sensation de pouvoir le toucher? Cela pourrait être possible dès 2008 si les projets de Sensio Technologies se concrétisent.

L'entreprise montréalaise a annoncé en octobre la création de la puce Sensio de décodage haute définition 3D. Destinée aux fabricants d'appareils de télé, elle permettra le visionnement en 3D de tout contenu télévisuel ou cinématographique, même celui originalement tourné en 2D.

Cette avancée est rendue possible par une entente conclue en octobre avec le géant japonais JVC, qui permettra une telle conversion en temps réel. «L'arrivée des téléviseurs à haute définition rend le tout possible, explique Nicholas Routhier, président de Sensio. D'ailleurs, au Japon, la haute définition est devenue très banale. Ils cherchent à aller beaucoup plus loin. C'est la raison pour laquelle ils sont sensibles à tout ce qui touche le 3D.»

En gros, la puce de Sensio convertit le 2D en 3D sur la base d'une série d'algorithmes. Puis, la technologie de JVC, elle, formate le tout en fonction des différents types et tailles d'écrans. Ainsi, l'entreprise entend commercialiser sa solution technologique sous licence auprès des autres grands fabricants: Sony, Panasonic, Sanyo, Samsung, Toshiba, etc.

Sensio avait déjà donné un aperçu du principe de conversion en 2003, avec la mise en marché du processeur S3D-100, conçu en collaboration avec une équipe de l'École de technologie supérieure et qui, jumelé à un lecteur de DVD, ajoute de la dimension à l'image. Comme le S3D-100 se vend environ 3000$US, la direction de Sensio ne s'attendait pas à en faire un produit de grande consommation. «Le processeur visait à attirer l'attention de l'industrie et à nous aider à approcher les studios afin de les convaincre que le 3D représente la voie de l'avenir», explique Richard LaBerge, vice-président exécutif et chef de la commercialisation. À l'opposé, se basant sur la valeur monétaire de sa nouvelle puce, il estime que le prix des appareils qui en seront munis ne devrait se situer que quelque 300$ au-dessus de celui des téléviseurs à haute définition.

Faire du 3D la norme

Toutefois l'entreprise, lancée en 1999 et devenue publique en mai dernier (à la Bourse de croissance TSX), ne désire pas se limiter à un rôle technologique. Elle souhaite davantage servir de pont entre l'Amérique et l'Asie. «Le Japon a les ingénieurs et la technologie, les États-Unis ont les créatifs et le contenu. Pourtant, personne ne se parle, explique Richard LaBerge. Nous voulons nous positionner au centre de ces groupes. En somme, nous désirons recréer dans le visuel pour le 3D ce qui s'est produit dans le sonore avec le Dolby, devenu une norme.»

Pour y parvenir, l'organisation a constitué une librairie d'une quarantaine de films, dont huit proviennent de Disney et Universal. «Le manque de contenu représente l'une des principales raisons pour lesquelles le 3D, même s'il existe depuis plus d'un siècle, n'a jamais vraiment décollé, indique Nicholas Routhier. Les frais de production et la taille de l'équipement, notamment les caméras, qui rendaient les tournages complexes, ont longtemps constitué un frein.»

Ainsi, sur 33000 salles de cinéma en Amérique du Nord, on n'en compte que 400 capables de projeter du 3D. Toutefois, ce nombre est quatre fois supérieur à celui des dernières années, car les exploitants, profitant de la transformation des salles pour les adapter à la technologie numérique, les ont aussi préparées pour recevoir du 3D. «Avec le numérique, tout est simplifié, estime Nicholas Routhier, qui se dit par ailleurs encouragé de voir qu'une entreprise californienne travaille à la sortie 3D du classique Star Wars. Il voit en ce projet un signe que l'industrie prend le virage. James Cameron (réalisateur de Titanic) prépare pour 2009 Battle Angel, une uvre en 3D. C'est un preuve que la tendance est lourde.»

Mais le cinéma et la télévision ne constituent que deux des applications possibles du 3D. Le jeu vidéo et le divertissement représentent d'autres avenues. Par exemple, Sensio vient de conclure une entente avec les producteurs du spectacle Cavalia pour l'installation d'écrans à proximité de certains points de ventes de billets, où l'on montrera des extraits en 3D. Dans un autre registre, Sensio a participé à une tournée de 32 villes dans 29 pays organisée par la Fédération internationale de football association (FIFA) dans le cadre de la Coupe du monde de soccer de l'été dernier. On y projetait à partir d'un simple ordinateur portatif des images de matches sur des écrans de 23 pieds. «De telles initiatives nous servent de laboratoire, un peu comme la F1 pour les fabricants d'automobiles», indique Richard LaBerge.