La concurrence dans le marché croissant de la téléphonie par Internet doit s'amplifier en faveur des consommateurs, estime le ministre fédéral de l'Industrie, Maxime Bernier, aussi responsable des télécommunications.

La concurrence dans le marché croissant de la téléphonie par Internet doit s'amplifier en faveur des consommateurs, estime le ministre fédéral de l'Industrie, Maxime Bernier, aussi responsable des télécommunications.

Devant l'Economic Club de Toronto, hier, le ministre a confirmé que le gouvernement Harper obligera le CRTC à réviser sa politique envers la téléphonie par Internet, à commencer par ses règlements tarifaires.

Ça touchera particulièrement les contrats achetés indépendamment de ceux pour l'accès à haut débit à Internet, un pré-requis technique de la téléphonie par Internet. Cette technologie permet de remplacer le téléphone traditionnel par une liaison numérique par Internet, réputée moins chère et plus facilement connectée à d'autres services informatisés personnels.

Au Québec, le câblodistributeur Vidéotron a déjà raflé des dizaines de milliers d'abonnés à Bell Canada avec son service de téléphonie par Internet. En Ontario, son homologue Rogers et une kyrielle de fournisseurs indépendants, dont Vonage, font de même dans le plus gros marché de télécommunications au Canada.

Et selon des analystes, environ 12% des abonnés du téléphone au pays auront migré vers la téléphonie par Internet à la fin de cette année, deux fois plus qu'un an auparavant.

Les nouveaux fournisseurs dans ce marché, comme Vidéotron et Vonage, avaient déjà une liberté tarifaire et promotionnelle, autorisée par le CRTC.

En contrepartie, le régulateur fédéral des télécommunications a gardé la main haute sur la téléphonie par Internet offerte par des géants établis des télécoms, tels que Bell et Telus.

Le CRTC justifiait cette politique comme un moyen de favoriser l'émergence de nouveaux fournisseurs en les protégeant de prix prédateurs de la part de ces géants établis, jusqu'à ce qu'ils accaparent au moins 25% des parts de marché.

Évidemment, Bell et Telus maugréaient de plus en plus contre cette politique du CRTC, qu'ils estimaient trop discriminatoire en faveur de leurs concurrents.

Mais hier, après un bras de fer dans les coulisses avec le CRTC, le ministre Bernier leur a donné raison, selon la volonté du gouvernement Harper de «laisser plus de place aux forces du marché» dans les télécommunications.

Du coup, il assène au CRTC sa pire rebuffade politique en une décennie. «La déréglementation tarifaire de la téléphonie par Internet est un petit pas vers un marché plus compétitif en télécommunications, ce qui signifiera de meilleurs prix et de meilleurs choix pour les consommateurs», a soutenu le ministre Bernier lors d'un point de presse à Toronto.

Toutefois, il s'est gardé de préciser «les prochains pas» qu'il entend privilégier, notamment en téléphonie locale.

«Nous n'en sommes pas encore là. La téléphonie locale est un autre débat important que nous continuons d'analyser», a indiqué M. Bernier.

Mais en téléphonie par Internet, des fournisseurs se réjouissent de l'énoncé du ministre à l'encontre de la position du CRTC

Même ceux qui, comme Vidéotron, devront partager avec Bell ou Telus l'avantage de la liberté tarifaire que leur avait consenti le régulateur fédéral.

«C'est vrai que Vidéotron en a sans doute bénéficié pour mousser l'essor fulgurant de sa téléphonie par Internet, qui est rendue à plus de 360 000 clients au Québec», a indiqué Luc Lavoie, vice-président de Quebecor, la société mère de Vidéotron.

«Néanmoins, nous savions que c'était une mesure intérimaire qui ne cadrait plus avec l'urgence de déréglementer les télécommunications au Canada. Le ministre Bernier a donc tout notre appui pour la suite, en particulier dans notre secteur principal de la câblodistribution, où la réglementation est bien trop tatillonne. »

Chez Bell Canada, on se réjouit aussi de la libéralisation des contrats de téléphonie par Internet, qui placera les fournisseurs sur un niveau plus comparable.

Mais du même souffle, on considère qu'il ne s'agit encore que «d'un pas dans la bonne direction» pour la déréglementation, a expliqué Mirko Bibic, directeur des affaires réglementaires chez Bell Canada.

«C'est très encourageant d'entendre les propos du ministre Bernier. Mais en ce qui nous concerne, la prochaine étape prioritaire, c'est la téléphonie locale, a-t-il indiqué.

«Ce marché est mûr pour une libéralisation à peu près complète dans les régions où il y a de la concurrence, du câble et du sans-fil, notamment.»