Une télévision ultra-personnalisée, à laquelle tout le monde participe et accessible partout, sur internet ou sur téléphone mobile: tel est le défi qui attend les professionnels des médias et des télécoms, réunis cette semaine au sommet des télécoms de Montpellier (sud de la France).

Une télévision ultra-personnalisée, à laquelle tout le monde participe et accessible partout, sur internet ou sur téléphone mobile: tel est le défi qui attend les professionnels des médias et des télécoms, réunis cette semaine au sommet des télécoms de Montpellier (sud de la France).

«Le consommateur voit ce qu'il veut, quand il veut et où il veut, sur sa télé, devant son ordinateur ou sur son téléphone», résume Julie Cruyt, responsable de l'acquisition de contenus à Belgacom.

L'egodiffusion («egocasting»), par opposition à la télédiffusion de masse («broadcasting»): tel est le terme inventé par l'Institut européen de l'audiovisuel et des télécoms (Idate), organisateur du sommet, pour désigner cette nouvelle forme de télévision.

«C'est une mise en l'avant de l'ego, qui entraîne une hyperpersonnalisation des médias et une moindre importance des médias de masse», explique Laurence Meyer, directrice d'études à l'Idate.

Internet joue un rôle essentiel dans cette évolution, permettant de créer ses vidéos, de les diffuser sur internet et mais aussi d'y regarder la télévision et de composer ses programmes, adaptés à ses goûts.

«Aujourd'hui on peut, avec un PC et une connexion internet, accéder à une expérience vidéo hors du commun», s'enthousiasme Stefan Lechère, responsable de l'acquisition des contenus vidéos chez Google France.

Google, qui référence désormais les vidéos, ne s'y est pas trompé, rachetant en octobre le site d'échanges de vidéo Youtube pour 1,65 milliard de dollars.

«Le téléchargement de vidéos devient une pratique courante et 48% des internautes français ont regardé la télévision sur internet cette année», selon Mme Meyer.

Il s'agit d'émissions de télévision traditionnelles, de plus en plus mises en ligne après leur diffusion, mais aussi de contenus créés directement pour internet, voire de chaînes qui n'existent que sur le web.

Cette télévision peut être regardée sur tous supports: ordinateur, iPod, téléphone mobile.

Les chaînes traditionnelles vivent-elles alors leurs derniers jours? «Non, bien au contraire», estime Anne Bouisset, directrice du développement de TVMI, société de conseil spécialisée dans l'audiovisuel: «comme il y a de plus en plus de contenus, leur mise en valeur est plus que jamais essentielle et les chaînes ont la légitimité pour le faire».

Au Royaume-Uni, Sky a coupé ses bouquets de chaînes en petits «morceaux» personnalisés et moins chers, et a envoyé à ses clients un questionnaire pour connaître leurs goûts et adapter ses offres.

Plusieurs chaînes, comme la BBC ou LCI, traduisent en podcasts vidéos leurs émissions et journaux télévisés.

En France, TF1 lancera samedi une émission hebdomadaire constituée de vidéos envoyées par des internautes et recueillies sur son site, et veut à terme créer une chaîne spécifique.

La télévision par ADSL marque une autre opportunité de personnalisation, grâce aux «box», de plus en plus perfectionnées. «Les consommateurs deviennent programmateurs de leur télévision», se félicite Marie-Christine Levet, PDG de Club Internet.

Certaines box permettent de «construire» ses propres chaînes, dont les programmes sont enregistrés de façon automatique, selon ses goûts: «dans les pays qui utilisent déjà ce système, 30 à 40% du temps passé devant la télé correspond à des programmes enregistrés», dit-elle.

Enfin, les opérateurs télécoms misent sur le décollage commercial de la télévision sur mobile, prévu fin 2007 en France, et certains, comme SFR, commencent déjà à produire des programmes adaptés.