L'expérience du vote électronique s'est révélée un fiasco, a indiqué hier le Directeur général des élections, Marcel Blanchet.

L'expérience du vote électronique s'est révélée un fiasco, a indiqué hier le Directeur général des élections, Marcel Blanchet.

Rien n'indique que les résultats des élections municipales de 2005 sont fiables, tant l'expérience du vote électronique s'est révélée un fiasco, a indiqué mardi le Directeur général des élections (DGE), Marcel Blanchet.

«Je ne peux vous garantir ça», a laissé tomber le DGE, qui a présenté en conférence de presse à Québec un rapport volumineux et accablant sur les ratés «des nouveaux mécanismes de votation» expérimentés aux élections municipales de novembre 2005.

Tenu dans 140 municipalités, entre autres à Montréal et Québec, le vote électronique a notamment été marqué par des pannes et d'importants retards dans la diffusion des résultats électoraux.

Aux yeux du DGE, ce sont là «des dérapages inquiétants» qui ont eu pour effet d'ébranler «la confiance du public».

Plus grave encore, rien n'assure qu'aucun candidat n'a été «floué» dans la succession d'erreurs qui a miné la soirée électorale.

«On prend les résultats tels qu'ils sont, on vit avec, et on verra la prochaine fois. (...) Je pense qu'il faut maintenant tourner la page, conclure que les résultats qui sont officiels doivent être acceptés, même s'il y a peut-être eu dans certains cas des erreurs qu'on ne peut pas prouver», a-t-il dit.

Pour ces raisons, M. Blanchet recommande le maintien du moratoire sur l'utilisation des systèmes de votation électronique, jusqu'à ce que le gouvernement resserre son cadre législatif et adopte des normes de sécurité et de fiabilité des appareils.

Ni plus rapide, ni plus économique et certainement moins fiable que la vieille méthode du décompte manuel, le vote électronique tenu en 2005 «n'a pas rempli ses promesses», a-t-il expliqué.

En outre, l'un des fournisseurs du service avait «surestimé» ses capacités à desservir simultanément un nombre élevé de municipalités, écrit le DGE dans son rapport de plus de 300 pages.

Exposées à des pannes, les technologies utilisées par les fournisseurs étaient vulnérables, mal connues et comportaient des lacunes considérables sur le plan de la sécurité des systèmes de votation.

Ces lacunes «favorisaient les erreurs et les accidents de parcours», souligne M. Blanchet.

De façon générale, a poursuivi le DGE, il y a eu «insuffisance de tests réalisés sur les appareils de votation, de contrôle de qualité des composantes des systèmes et de mesure de sécurité pour s'assurer de l'intégrité du vote».

Même s'il avait lui-même autorisé le recours au vote électronique, le DGE refuse de prendre le blâme pour l'expérience cauchemardesque des élections de 2005.

«Je n'étais pas un approbateur de machines», a-t-il dit, prenant aussi bien soin de ne pas pointer du doigt les fournisseurs.

«Ne comptez pas sur moi pour pointer du doigt des coupables», a-t-il insisté à plusieurs reprises.

M. Blanchet formule une vingtaine de recommandations, dont celles de réviser la loi et de confier à un groupe d'experts le mandat de définir des normes strictes de sécurité et de fiabilité des appareils.

Une autorité indépendante devrait aussi être investie de pouvoirs de vérification et de contrôle des normes et standards liés aux nouveaux mécanismes de votation.

Il recommande par ailleurs aux municipalités d'accroître leurs exigences contractuelles à l'égard des fournisseurs et des systèmes de votation utilisés.

Le DGE suggère également d'imposer des tests de fonctionnement des appareils et d'adopter des mesures sur l'entreposage sécuritaire des systèmes.

De l'avis de M. Blanchet, le fournisseur devrait de surcroît être tenu d'assurer la protection des renseignements personnels apparaissant sur les listes électorales.

Toutes ces mesures nécessiteraient un investissement considérable, convient le DGE.

Par conséquent, avant de décider de poursuivre l'expérience, le gouvernement devra déterminer si «la valeur ajoutée» du vote électronique en vaut le coût, a conclu M. Blanchet.

Après avoir pris connaissance du rapport du DGE, la ministre des Affaires municipales Nathalie Normandeau a indiqué que le gouvernement maintiendra le moratoire sur l'utilisation du vote électronique, tant qu'il n'aura pas obtenu l'assurance de la fiabilité de ce mécanisme.

«Il n'est pas question pour nous de permettre à des municipalités de recourir au vote électronique tant et aussi longtemps que nous n'aurons pas de garanties fermes et blindées», a-t-elle dit en point de presse.